« A cause des campagnols terrestres, nos vaches ont mangé de la terre tout l’hiver »

Alexandra, Jean-Pierre et leur fils Florian Lannez travaillent en Gaec avec 95 vaches sur 140 ha. Ils sont confrontés aux pullulations récurrentes de campagnols terrestres. 

« Depuis des années, nous sommes confrontés aux pullulations récurrentes de campagnols terrestres. En ce début de printemps, on a rarement connu de tels niveaux d’infestation. Toutes nos parcelles sont concernées. Celles proches du siège de l’exploitation, à côté de Chalinargues et surtout celles de Veze, sur le Cézallier sur lesquelles nous réalisons en principe une bonne part de notre foin. Ces prairies sont toutes noires. On a passé la herse. Moins d’une heure après les rats ressortent la terre.

Il faut le voir pour le croire. C’est désespérant. Les personnes âgées n’ont jamais connu ça. Les rats viennent jusque dans les jardins et détruisent carotte, pommes de terre et betteraves. L’an dernier sur une parcelle de 4,8 hectares où on réalisait une moyenne de 110 ballots quand le niveau d’infestation était limité on en a récolté 25 avec un foin plein de terre et de cailloux et une usure accrue du matériel.

On balaie les auges tous les deux jours. À l’abattoir, on retrouve 6 à 9 kg de terre dans les panses. On a arrêté les traitements avec le ratron comme la plupart de nos voisins. Ça coûte 80 € le seau de 5 kg et on ne peut pas en mettre plus de 2 kg/ha. L’appliquer avec une canne dans les galeries peut s’envisager sur une dizaine d’hectares mais traiter 140 hectares à la main ce n’est pas possible.

Une très faible partie du parcellaire est labourable

Seule la charrue les sort de terre mais une très faible partie de notre parcellaire est labourable. L’an dernier, 6 hectares de maïs nous ont sauvé, mais à 1 050 mètres d’altitude sa réussite est aléatoire. Certains cadres de l’administration nous on dit 'Vous allez devoir apprendre à vivre avec !' Ces propos sont révoltants. Dans le Massif central, des milliers d’hectares sont concernés dans une indifférence quasi générale.

C’est une vraie calamité y compris pour les captages d’eau. On retrouve des cadavres dans les canalisations de sources utilisées pour la consommation humaine. En 2022, on envoie des hommes et des satellites dans l’espace mais la recherche n’a toujours pas trouvé de solution pour juguler la prolifération de cet animal. C’est invraisemblable. »