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A la recherche des protéines perdues
[Edito] Attendu depuis longtemps et prenant tout son sens dans un contexte de recherche de souveraineté cristallisé par la crise du coronavirus, le nouveau Plan protéines entend faire mieux que les plans précédents. Mais si la demande politique et sociétale est bien là, les défis techniques et économiques restent majeurs.
1973 : suite à une sécheresse sans précédent faisant chuter la production de soja aux États-Unis, le gouvernement américain décrète un embargo sur ses exportations de graines et de tourteaux. Une décision qui impacte durement l’Europe, amplement dépendante de « l’or jaune » américain. En réaction, l’année d’après, le premier Plan protéines français voit le jour. Plans après plans, les filières oléo-protéagineuses se sont développées mais ne suffisent à répondre ni à la demande en alimentation animale (50% d’autonomie pour les matières riches en protéines) ni à la demande en alimentation humaine (30% d’autonomie).
2020 : dans un contexte de crise économique mondiale, le nouveau Plan protéines français met sur la table 100 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les fonds du Programme d’investissement d’avenir, de Bpifrance ainsi que les aides couplées de la Pac. Objectif : doubler les surfaces de cultures riches en protéines d’ici dix ans, soit un million d’hectares supplémentaires.
Or un million d’hectares, c’est peu ou prou la surface qu’il faudrait pour couvrir les besoins des importations de la France uniquement en soja (en moyenne 2,8 millions de tonnes de graines et tourteaux importés). Et même si les surfaces de soja augmentent progressivement sur le territoire, elles restent cantonnées sous la barre des 200 000 hectares. Quant au colza, substitut majeur pour les protéines, il voit sa production baisser fortement depuis deux ans.
Le challenge réside donc bien dans la recherche et le développement de sources de protéines alternatives, variées, adaptées aux territoires, compétitives, peu gourmandes en intrants, résilientes face au changement climatique… la liste des critères est encore longue. Au-delà des aides, ce sont la structuration des filières, la création de nouveaux débouchés et la contractualisation qui appuieront le développement d’un marché local en protéines végétales.
Le nouveau Plan protéines entend bien répondre à ces différents défis, et a d’ailleurs été accueilli favorablement par la profession. Si les crises poussent au changement, l’année 2020, forte d’une pandémie et d’un nouvel épisode de sécheresse, semble particulièrement adaptée pour en être le déclencheur.