Claude Cochonneau : une opération « séduction » qui va « dans le bon sens »

« On n’est pas complètement dupe. Il y a une partie de séduction et peut – être même de déminage par rapport au salon », estime Claude Cochonneau, le président des Chambres d’agriculture, suite au discours d’Emmanuel Macron à la nouvelle génération agricole.

Devant des centaines de jeunes agriculteurs, Emmanuel Macron a prôné la « révolution culturelle », avec plusieurs annonces à la clé, concernant le foncier, l'agriculture biologique ou encore le financement de l'installation. À la veille de l'ouverture du salon de l'agriculture, le président a souhaité s'adresser « à la nouvelle génération agricole ».

Dès les premières minutes de son discours, Emmanuel Macron a tenu un discours offensif, quitte à égratigner la génération d'agriculteurs aux responsabilités. "Certains se posent en grands défenseurs de l'agriculture en paroles, mais travaillent dans les actes à maintenir le statu quo. Et le statu quo, il la tue lentement mais sûrement", a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Lorsque des filières entières sont aux mains de quelques-uns, qui ont organisé leur influence et décident en coulisses du destin de tous, c'est que que quelque chose ne va pas ».

« Des éléments extérieurs »

Des propos qui font réagir Claude Cochonneau : « tous ceux qui ont été aux responsabilités doivent avoir conscience que ce qu'ils ont fait, même si cela leur paraissait être le meilleur choix, n'était pas forcément le plus judicieux », admet-il. Néanmoins, il ajoute : « il y a des éléments extérieurs qui ne sont pas du fait des responsables agricoles ou même du ministère de l'Agriculture, comme l'ouverture et l'élargissement de l'Europe ». Il poursuit : « Il y a aussi des contextes économiques et de revenus qui font qu'on installe plus facilement des jeunes quand les perspectives sont bonnes que quand elles sont mauvaises ».

Des annonces « intéressantes »

Sur le fond, Claude Cochonneau constate plusieurs arbitrages intéressants. Concernant le nouveau dispositif de prêts garantis pour les jeunes agriculteurs, « ces annonces vont dans le bon sens, estime-t-il. On ne sait pas encore comment cela va être financé. Pour avoir essayé d'utiliser la BPI depuis quelques années, ce n'est quand même pas simple de faire accepter un dossier ».

Les annonces liées au foncier sont également vues d'un bon œil. « Ce qui me surprend un peu, c'est qu'on vient juste d'amender un projet de loi qui avait pour ambition de supprimer le contrôle des structures. Je trouve qu'il y a un petit décalage entre ce discours et ce que proposait la majorité », souligne-t-il.  

Passer « à la mise en œuvre »

Les Chambres d'agriculture attendent avec impatience l'arrivée du plan d'investissement de 5 milliards d'euros promis lors de la campagne électorale. « Pour l'instant, on n'a pas vu le début du commencement du premier milliard. Ce qui serait intéressant c'est qu'on passe maintenant à la mise en œuvre », suggère Claude Cochonneau.

Au final, comment sera accueilli Emmanuel Macron au salon de l'agriculture ?  « Ce n'est pas une visite de campagne, c'est une visite de président, cela va quand même être un peu différent », prévient Claude Cochonneau. Plusieurs motifs de grogne mobilisent les agriculteurs ces dernières semaines : Mercosur, zones défavorisées ou encore la question du financement des mesures agroenvironnementales et de la bio...