Espagne: les agriculteurs mobilisés contre des "prix de misère"

Des agriculteurs manifestent depuis plusieurs jours à travers l'Espagne pour dénoncer les "prix de misère" auxquels ils vendent leurs produits aux intermédiaires et à la grande distribution.

De nouvelles manifestations ont eu lieu vendredi dans les provinces d'Avila (centre) et de Soria (nord-est) en Castille-et-Léon et un nouveau rassemblement est prévu le 5 février à Madrid. Mercredi 29 janvier, l'une de ces manifestations a été marquée par des heurts entre agriculteurs et forces de l'ordre à Don Benito en Estrémadure (sud-ouest) aux abords de la foire agricole à laquelle participait le ministre de l'Agriculture Luis Planas. Et jeudi, des producteurs d'olives ont coupé des routes dans la province de Jaen (sud-est) en Andalousie.

Les trois principaux syndicaux agricoles - Asaja, COAG et UPA - ont convoqué ces mobilisations depuis mardi pour "dénoncer la grave situation de manque de rentabilité" des exploitations. Ils dénoncent "les prix bas" offerts aux producteurs et l'augmentation des coûts de production. "Les prix auxquels on nous paie sont des prix de misère", a ainsi dénoncé mercredi Ignacio Huertas, secrétaire général de l'UPA en Estrémadure à la télévision publique. Au delà des prix, pour Asaja, le syndicat le plus important du secteur en Espagne (200.000 affiliés), "la goutte qui a fait déborder le vase" a été la nouvelle augmentation du salaire minimum annoncée la semaine dernière pour 2020 après le bond de 22% de 2019.

Un argument rejeté notamment par le syndicat UGT. Son dirigeant, Pepe Alvarez, a ainsi appelé à ne pas se laisser influencer par "la droite vieux-jeu des propriétaires terriens qui tente de maintenir une situation de soumission dans les campagnes". Asaja insiste sur l'idée que le producteur "n'a aucun pouvoir de négociation par rapport à ce qu'il vend" et que la grande distribution profite de cette situation. "Les règles du jeu doivent changer parce que nous, les agriculteurs et éleveurs, n'en pouvons plus", a insisté le secrétaire général d'UPA, Lorenzo Ramos, dans un communiqué vendredi. Selon Asaja, ces prix trop bas affectent notamment les secteurs du lait, des fruits et légumes ou encore de l'olive, l'Espagne étant le premier producteur mondial d'huile d'olive. L'oléiculture espagnole est déjà victime des droits des douane punitifs imposés depuis octobre par les Etats-Unis sur des produits européens.