Modernisation des exploitations: "très mauvais signal" de l'Etat (agriculteurs)

La chambre régionale d'agriculture de Bretagne a dénoncé vendredi le "désengagement de l'État" dans un programme de modernisation des exploitations prévu jusqu'en 2020, y voyant "un très mauvais signal" à quelques jours du salon de l'agriculture.

"Pour la Bretagne en 2018, ce sont 11 millions d'euros de moins pour accompagner la modernisation des entreprises agricoles et leur adaptation aux enjeux de demain", écrit jeudi la chambre dans un communiqué.

"Ce plan était prévu jusqu'en 2020. Or, on a appris il y a huit jours que l'État avait décidé d'enlever 5,5 millions d'euros" à l'enveloppe prévue pour la région, a déclaré à l'AFP Jacques Jaouen, président de la chambre régionale. "C'est inadmissible. Quand on a fixé des règles, on ne les modifie pas en cours de route. C'est du respect, de la confiance", a-t-il dit.

Les fonds alloués à ces projets étant doublés à même niveau par des fonds européens (le fonds européen agricole pour le développement rural, Feader), au total la Bretagne perdra 11 millions d'euros, a déclaré M. Jaouen. "Il faut savoir que pour un euro d'aide au financement de ces projets, ce sont entre six et sept euros qui sont investis au total sur le territoire", dans les entreprises locales de bâtiment ou chez les fournisseurs d'équipement, a affirmé le président de la chambre régionale.

La décision de l'État casse la logique du projet de modernisation car "les nouvelles aides annoncées par le gouvernement ne vont pas aller directement à l'agriculteur. Ça va plutôt servir à de l'ingénierie financière, des garanties de prêts, par exemple", a expliqué M. Jaouen.

Dans le cadre de ce plan conçu avec l'État, le Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAEA), environ 5.000 exploitations, sur 35.000 en Bretagne, ont bénéficié de ces aides pour un montant de 120 millions d'euros depuis le début du programme en 2014. Le plan, qui s'adresse à toutes les filières, "était un vrai succès, malgré les difficultés actuelles" de la profession, a dit à l'AFP André Sergent, en charge du suivi de ce dossier et président de la chambre d'agriculture du Finistère.

Les chambres d'agriculture de Bretagne, première région agricole française, "alertent le gouvernement sur les graves conséquences économiques de ces décisions, et dénoncent son abandon des territoires en abandonnant ses engagements pour l'agriculture".