"Refonder" nos systèmes agricoles à l’aune du coronavirus: la lettre ouverte de la Confédération paysanne

Dans une lettre ouverte publiée le 20 mars, la Confédération paysanne appelle les citoyens à soutenir durablement les agriculteurs, au-delà de la crise du coronavirus. Le syndicat invite également les décideurs politiques à « refonder » et à « relocaliser » les systèmes agricoles et alimentaires.

« On voit actuellement qu'il est possible d'avoir des actes politiques forts face à des enjeux planétaires, ici une menace sanitaire. Cela nous prouve que nous pouvons agir pour changer notre système économique et améliorer notre mode de vie vers plus de justice sociale et climatique. » Dans une lettre ouverte publiée le 20 mars, la Confédération paysanne appelle les décideurs politiques à repenser le système agricole et alimentaire français, dans un contexte de crise sanitaire d'épidémie de coronavirus qui replace la sécurité alimentaire au centre des préoccupations.

« Il faut trouver des solutions concrètes, innovantes et durables pour tou.te.s les paysan.ne.s, touché.e.s, parce qu'ils.elles dépendent du système mondialisé, de contrats avec la restauration hors domicile, de marchés de plein vent dont l'ouverture est incertaine », écrit le syndicat. Parmi les mesures « urgentes pour garantir un revenu digne » aux producteurs, la Confédération paysanne propose de « réguler les marchés », « rééquilibrer la chaîne de valeur » et « stopper la concurrence effrénée ».

Pas question pour autant d'aller vers l'autarcie ou le repli sur soi, poursuit le syndicat, « mais bien de remettre au cœur des politiques publiques la question de l'autonomie », en oeuvrant pour « une agriculture créatrice d'emplois de qualité, rémunératrice, productrice d'une alimentation diversifiée, résiliente aux chocs, respectueuse de l'environnement et du vivant, relocalisée et ancrée dans son territoire ».

Dans sa lettre ouverte, la Confédération paysanne énumère les actes de non-sens qui, selon elle, plombent notre agriculture actuelle : « considérer la terre, le vivant et la main d'œuvre comme des marchandises comme les autres » ; « breveter le vivant et déléguer la production de semences à des firmes multinationales » ; « construire des filières internationalisées dont le moindre choc économique, sanitaire, climatique engendre une volatilité catastrophique des marchés » ou encore « baser notre modèle alimentaire sur la consommation d'énergies fossiles ».

« Il est illusoire de croire à une maîtrise totale des sociétés humaines sur la nature par une artificialisation et technologisation croissante de nos modes de vie. Nous avons besoins de pouvoir compter sur les savoir-faire paysans et leur connaissance de la complexité des écosystèmes », poursuit le syndicat.

Dans ce contexte de crise, la Confédération paysanne appelle les citoyens à « se rendre compte de la valeur du travail paysan et de l'importance de l'autonomie paysanne pour la résilience de nos systèmes alimentaires ». Le syndicat espère aussi que ce soutien, s'il semble être quasi unanime dans un pays actuellement paralysé, soit « durable » une fois la crise passée.