La filière viticole attend toujours son fonds de compensation

Elle estime avoir perdu à ce jour 500 millions d'euros de chiffre d’affaires sur le marché américain, du fait des mesures de rétorsion entre les USA et l’UE dans le secteur de l’aviation. Les dispositifs de soutien liés à la crise du coronavirus sont en revanche opérationnels mais les exonérations de charges manquent à l’appel.

« Triste anniversaire ». C’est en ces termes que Jérôme Despey, président du conseil spécialisé « vin et cidre » de FranceAgriMer a évoqué le contentieux UE-USA sur le front aéronautique, et dont la filière viticole fait les frais depuis bientôt un an. Le 18 octobre prochain marquera en effet l’instauration d’une surtaxe de 25% sur les vins tranquilles français, hors vrac. « Le préjudice, qui avait été estimé à 300 millions d’euros en janvier, est désormais de 500 millions d’euros, a précisé Jérôme Despey. La situation plombe notre compétitivité et nous sort d’un certain nombre de marchés ».

Sans espoir du côté diplomatique, du fait de l’imminence des élections américaines, la filière est en attente d’un fonds de compensation. Mais à ce jour, ni la France ni la Commission européenne n’en ont esquissé la moindre bribe. « Le silence est assourdissant », s’est agacé Jérôme Despey, qui espère être reçu par le ministre de l’Agriculture au début du mois d’octobre.

Distillation et stockage privé

Sur le front du Covid-19, qui touche de plein fouet la filière et dont la résurgence fait craindre de nouveaux impacts, les deux mécanismes de soutien mis en œuvre par les pouvoirs publics sont en revanche opérationnels et à la hauteur des préjudices subis. S’agissant de la distillation, qui réserve 78 €/hl aux AOC et IGP et 58 €/hl aux vins sans IG, pour un volume global de 2,6 M hl, « les paiements relatifs à la première phase sont arrivés, s’est félicité Jérôme Despey. Nous avons également reçu l’argent correspondant aux mesures de stockage privé mais les éléments de cadre réglementaires, vis-à-vis du droit communautaire, doivent encore être définis. Un texte nous sera proposé au prochain Conseil spécialisé d’octobre ». 

L’aide au stockage privé, sur 6, 9 ou 12 mois, à raison de 0,04 € par hectolitre et par jour, devait concerner entre 3 et 4 M hl, soit une enveloppe de 35 M €. « Ces mesures de distillation et de stockage privé permettent de soulager les marchés et les cours mais elles doivent être dissociées du préjudice subi aux Etats-Unis », a précisé Jerôme Despey.

Les exonérations de charge en souffrance

La président du Conseil spécialisé « vin et cidre » a par ailleurs réitéré la requête de la filière, consistant à bénéficier de l’exonération à 100 % des charges sociales. « Ce dossier doit être rouvert par le ministre de l’Agriculture et par Bercy, conformément à l’annonce faite par le Premier ministre, a déclaré Jérôme Despey. La règle des 80% de perte de chiffre d’affaires qui prévalait pendant le confinement doit faire place à d’autres élément d’appréciation. Ni les viticulteurs ni les caves n’ont eu recours au chômage partiel, il nous faut des réponses sur ce sujet-là aussi ». La filière est d’autant plus encline à réitérer cette demande que le mois de septembre marque, après la parenthèse estivale, « un ralentissement des transactions », selon Jérôme Despey.