Après deux années d’euphorie, le revenu des agriculteurs est en danger en 2023 et 2024

[Le focus revenus] Episode 1 - Après les années 2021 et 2022 au cours desquelles le revenu de la Ferme France était positif, le ciseau s’est refermé en 2023. La hausse des charges et la baisse du chiffre d’affaires ne permet plus de rémunérer le travail des agriculteurs. C’est le fameux « effet ciseau », que Sylvain Jessionesse, agriculteur et co-fondateur de Piloter sa ferme, détaille dans cette vidéo.

Après deux années d’euphorie, le revenu des agriculteurs est en danger en 2023 et 2024

Les décisions prises sur les exploitations et les dépenses engagées permettront-elles de dégager du revenu ? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre à travers notre nouvelle série « Focus Revenus » tout au long de l’année.

Sur une ferme de 100 hectares, représentative des régions de grandes cultures en France, Sylvain Jessionesse a modélisé le chiffre d’affaires et les charges engagées par les agriculteurs entre 2021 et 2024.

En 2021, la marge de la Ferme France était en moyenne de 454 €/ha, puis a diminué à 396 €/ha en 2022. En 2023, elle devient négative avec un déficit de -245 €/ha. L’inflation de tous les postes de charges (services, produits phyto, GNR…) et la chute brutale des cours des grains expliquent cette situation. « Le besoin de chiffres d’affaires en 2023 a atteint un niveau inédit avec un seuil de commercialisation à 238 €/t, soit une inflation de plus de 50% en l’espace de deux ans », indique Sylvain Jessionesse.

Ces moyennes masquent bien sûr de grandes disparités entre agriculteurs, liées notamment à la part de cultures industrielles dans l’assolement (lin, betteraves, pommes de terre…), ainsi qu’aux choix de gestion (choix fiscaux, décisions d’investissement…) et aux décisions de vente. « Pour les agriculteurs qui ont eu la sagesse de vendre 20, 30, ou 40% de récolte avant moisson quand on avait des prix qui étaient entre 280 et 300 €/t en blé, ces décisions ont permis de compenser la baisse des marchés constatée après la récolte 2023 ».

Quelles sont les perspectives pour 2024 ? Même si les charges diminuent, à la faveur de la baisse des engrais notamment, le seuil de commercialisation demeure toujours 30% plus élevé qu’en 2021. Le revenu des agriculteurs est donc de nouveau en danger pour 2024, puisque les charges engagées nécessitent d’obtenir à la fois de bons rendements et des prix égaux ou supérieurs à ceux d’aujourd’hui.

Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode ! Dans celui-ci, nous reviendrons sur les raisons qui font que le revenu des agriculteurs est en danger pour 2024 et nous détaillerons l'évolution des charges sur les exploitations.