Canicule : jusqu'à quand ? Quelles conséquences sur l'agriculture ? La chronique de Nicolas Le Friant, expert météo

Après une période assez fraîche pour la saison, entre le 21 juillet et le 6 août, avec un déficit thermique de l’ordre de 1,1°C, depuis le jeudi 7 août, le contexte météorologique a radicalement changé et nous subissons une nouvelle période caniculaire.

Cette canicule d’août 2025 sera moins intense et étendue qu’août 2003 et que juillet 2019 à l’échelle du pays. En revanche, dans certaines localités de nos régions méridionales, elle l’est davantage. Ainsi, nous avons battu des records absolus de températures maximales comme à :

  • Bergerac avec 42,1°C, le lundi 11 août 2025 battant les 41,1°C du 4 août 2003 
  • Bordeaux avec 41,6°C, le lundi 11 août 2025 battant les 41,2°C le 23 juillet 2019 
  • Cognac avec 41,4°C, le lundi 11 août 2025 battant les 40,3°C du 23 juillet 2019 
  • Angoulême avec 41,2°C, le lundi 11 août 2025 battant les 39,8°C du 23 juillet 2019…

Cette vague de chaleur est la 51ème depuis 1947 en France mais aussi et surtout la 34ème depuis l’année 2000 ! De même, il est à noter que les 40°C sont 19 fois plus fréquents depuis 2000…

ECMWF
Anomalies des températures du 11 au 18 août 2025

Vendredi 15 août : une nouvelle hausse du thermomètre attendue dans le sud, jusqu’en Bretagne d’ailleurs, pour cette journée. Pour rappel, 80 départements seront en vigilance orange canicule. A l’exception des régions littorales de la Manche, où les valeurs maximales atteindront tout de même les 23 à 29°C, ailleurs, il fera de nouveau très/trop chaud avec de 33 à 39°C au Nord et fréquemment de 35 à 40°C au Sud et jusqu’à 41/42°C entre le Poitou, l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées, l’intérieur du Languedoc-Roussillon jusqu’en Provence.

Samedi 16 août : cette configuration persistera avec une situation de blocage attendue. Néanmoins, sur les régions allant du nord de la Bretagne à la Normandie, à l’Île-de-France jusqu’en Alsace et aux Hauts de France, les températures de l’après-midi seront moins excessives avec de 25 à 33°C, tout de même, grâce au vent de nord-est assez sensible. En revanche, plus au sud, l’ambiance sera toujours aussi torride avec de 35 à 40°C et encore des pointes à 41/42°C dans les plaines du sud-ouest ainsi que dans l’intérieur des régions méditerranéennes.

Dimanche 17 août : l’anticyclone britannique dirigera toujours un flux de nord-est et celui-ci sera suffisamment sensible pour faire baisser quelque peu les températures de l’après-midi. Néanmoins, ne comptez toujours pas sur la fin de cette période caniculaire. En effet, il fera de 24 à 35°C au Nord et de 27 à 39°C au Sud. Des pointes à 40°C seront encore tout à fait envisageables du midi-toulousain jusqu’aux régions méditerranéennes, y compris en direction des côtes en raison de la levée du Mistral et de la Tramontane à 40/50 km/h en rafales. En conséquence, il conviendra de se méfier du risque d’incendies de nouveau important.

Lundi 18 août : les conditions météorologiques deviendront plus dépressionnaires par l’ouest mais la dégradation n’aura pas encore lieu. Résultat, même si l’ambiance se fera plus nageuse par l’ouest du pays, seuls les Pyrénées, les Alpes du Sud et le relief de la Corse verront le développement d’orages en cours de journée. Le vent, d’est nord-est, se maintiendra en Manche et le vent d’ouest se lèvera quelque peu en Aquitaine en véhiculant des entrées maritimes le long de la côte, ainsi que dans les terres en matinée. Les 30°C ne seront plus atteints sur les littoraux de la Manche et ceux de l’Atlantique ainsi que vers les régions situées au nord de la Seine. Il fera jusqu’à 34°C au Nord (Val de Loire) et 36/37°C au Sud.

Pour la suite, nous prévoyons la fin de cet épisode caniculaire au cours de la journée du mardi 19 août 2025, puis sans doute de la vague de chaleur d’ici au milieu de semaine prochaine. En effet, une dégradation orageuse est justement à surveiller entre mardi et mercredi, et mettra un terme définitif à ces trop fortes chaleurs. Il est trop tôt pour prévoir l’intensité des orages, mais le conflit de masses d’air pourrait être important. Ensuite, nous devrions retrouver des températures beaucoup plus proches des normales climatiques.

Quelles sont les conséquences de cette canicule sur l’agriculture ?

Au-delà de 40°C la photosynthèse est très limitée pour toutes les espèces et le risque de brûlures est très important pour les produits des vergers principalement.

Les fruits également sont durement impactés notamment pour la quantité de sucres et leur acidité. Les canicules étant plus fréquentes font drastiquement baisser les rendements des vergers avec jusqu’à 35% de pertes lors de la canicule de 2003.

Les fleurs sont également exposées à ces fortes chaleurs avec un arrêt de leurs croissances ainsi que des brûlures bien évidemment. Les forêts se dessèchent et le paysages, en plein été, ressemblent à ceux de l’automne, sans oublier le risque important d’incendies quand le vent se lève et se renforce.

Enfin, les animaux souffrent évidemment de cette canicule avec un stress thermique important ayant des impacts notamment sur la production de lait…

©Nicolas le Friant

"Passionné de Météorologie depuis mon enfance, j’ai appris le métier auprès d’un Météorologue professionnel chez Météo- France. Je travaille depuis 25 ans au sein d’entreprises privées de météorologie avec, comme spécialités, les médias, les formations et la pédagogie. Je suis également titulaire d'un Master en Climatologie (2010), dont le mémoire de fin d’étude est axé sur le changement climatique en cours et ses conséquences sur la hausse du niveau marin."