Betteraves et néonicotinoïdes : statu quo sur la rotation des cultures

Un avis de l’Anses préconise de ne pas anticiper le retour de la pomme de terre, du lin, des pois et de cultures légumières mellifères dans la rotation. Une recommandation qui rejoint celle déjà formulée pour le maïs et le colza.

Après les attaques de jaunisse de 2020, les traitements de semences à base d’imidaclopride (Gaucho 600 FS) et de thiaméthoxame (Cruiser SB) ont été réautorisés pour une durée de 120 jours et pour trois campagnes (2021, 2022 et 2023), conformément à l’arrêté du 5 février 2021. Afin de réduire les risques vis-à-vis des pollinisateurs, l’implantation de cultures mellifères sur les parcelles ayant reçu des betteraves traitées était assujettie à un calendrier, bannissant pour les semis 2022 les cultures de chanvre, maïs, pavot/œillette, pomme de terre et pour 2024 celles de colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce.

Dans un avis du 13 décembre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande ne de pas modifier ce calendrier pour un certain nombre d’espèce étudiées, à savoir la pomme de terre, le lin (fibreux et oléagineux), les pois (protéagineux et de conserve) et un certain nombre de cultures légumières mellifères (fèves, haricots, légumineuses potagères, potirons et courges, porte graines potagères et PPAMC).

Attractivité et rémanence

L’Anses fonde son avis sur deux paramètres d’étude que sont l’évaluation de l’attractivité des cultures pour les pollinisateurs d’une part et d’autre part sur la réévaluation de la rémanence de résidus dans les cultures de rotation. Concernant le premier, et s’agissant de la pomme de terre, l’Anses relève notamment qu’il ne peut être exclu que cette culture subvienne significativement aux besoins en pollen des pollinisateurs. Les parcelles ont été visitées sur l’ensemble de la période de floraison avec une tendance à l’augmentation avec le pourcentage de fleurs. Pour le lin, une forte variabilité de la densité de bourdons est observée entre les parcelles. Les densités maximales de bourdons montrent une fréquentation comparable à celle observée dans le colza et le tournesol. Les parcelles ont été visitées sur l’ensemble de la période de floraison avec une tendance à l’augmentation avec le pourcentage de fleurs. D’après des données de littérature, l’Anses relève notamment que la densité de bourdons observée pour le lin dans l’étude est relativement similaire à celle retrouvée dans le colza/tournesol. Aucune donnée n’est disponible pour les cultures légumières et le pois.

Concernant le critère de rémanence, l’Anses considère donc que les données soumises ne permettent pas d’affiner le score relatif à la probabilité de rémanence en fonction du positionnement dans la rotation après semis de betteraves sucrières » retenu dans l’avis de l’Anses du 23 décembre 2020 pour les cultures concernées.

Statu quo aussi pour le maïs et le colza

Dans un avis du 6 octobre dernier, l’Anses avait également prôné le statu quo concernant une éventuelle anticipation du retour dans la rotation du maïs et du colza. L’annexe 2bis de l’arrêté du 5 février 2021 laissait entrevoir la possibilité de cultiver du maïs dès 2022 (au lieu de 2023) et du colza dès 2023 (au lieu de 2024), moyennant la mise en œuvre de différentes mesures agronomiques d’atténuation et de compensation. L’Anses a jugé que ces mesures n’avaient pas démontré leur efficacité.