Blé : baisse du recours aux fongicides en 2020

En 2020, le printemps sec aura permis de limiter la pression maladie sur les céréales. Selon le bilan de campagne d’Arvalis, plus d’un tiers des hectares de blé français n’a été traité qu’une seule fois, contre un hectare sur quatre en 2019.

En 2020, les maladies du blé ont elles aussi été confinées, résume l’institut technique Arvalis, qui dresse le bilan de la campagne concernant les maladies du blé dans un communiqué de presse le 3 novembre. Grâce à un temps sec au printemps, les blés français ont connu cette année une pression maladie très faible : peu de septoriose, pas ou peu de rouille, peu de fusariose (sauf localement sur certaines productions de blé dur dans le Sud), analyse l’institut technique.

Dans ce contexte, le recours au premier traitement (T1) a baissé de 30% par rapport à 2019, indique Arvalis. Réalisé entre les stades 1 et 3 noeuds, le T1 est traditionnellement destiné à protéger la culture contre les maladies du pied et les maladies foliaires se déclarant précocement. « Avec l’évolution des pratiques, il ne se justifie que si les modèles de prévision (type Septo-LIS) « déclenchent » et si la rouille jaune est en place précocement. En 2020, la très faible présence de septoriose et de rouille a eu une nuisibilité en moyenne de l’ordre de 2 q/ha : pas de quoi justifier une intervention dans ces conditions », analyse l’institut.

"1,9 traitement fongicide en 2020 au lieu de 2,2 ces dernières années"

Là où un premier traitement était nécessaire, le biocontrôle - en particulier le soufre - a parfaitement joué son rôle, estime Arvalis. 250 000 hectares seraient concernés par une solution 100% biocontrôle.

Pour les mêmes raisons climatiques, « le T3, plutôt destiné à lutter contre la fusariose, n’avait aucun intérêt. Seul le T2 appliqué au stade dernière feuille étalée, était nécessaire », poursuit Arvalis. Ainsi, les producteurs de blé tendre français n’ont appliqué qu’1,9 traitement fongicide en 2020 au lieu de 2,2 ces dernières années. Au final, plus d’un tiers des hectares de blé n’a été traité qu’une seule fois en 2020, contre un hectare sur quatre en 2019.

Toujours plus de résistances

Pour la nouvelle campagne, l’institut technique préconise plus que jamais de « diversifier les modes d’actions et les substances actives au sein d’un même mode d’action », et de ne pas utiliser, si possible, le même triazole plus d’une fois par saison.

« On observe une progression des souches résistantes aux triazoles (TriHR 58% contre 43% en 2019) et une stabilité des souches multi drug résistantes. Au total, plus de trois souches sur quatre (86%) en France sont fortement résistantes aux triazoles », fait savoir Arvalis, qui constate également une hausse des souches résistantes aux SDHI (18% des souches sont de type CarR contre 13% en 2019).

La piste génétique à suivre

Outre le climat, c’est la voie génétique qui est la piste la plus sérieuse pour réduire l’utilisation des fongicides, rappelle l’institut. Plus du tiers des variétés de blé cultivées en France présentent désormais un bon niveau de résistance à la septoriose (44% en 2020). C’est trois fois plus qu’il y a 10 ans.

Sur la campagne écoulée, la nuisibilité moyenne des maladies « n’a été que de 8 q/ha alors que ces dernières années elle est en moyenne de 16 q/ha, ce qui en fait l’année où les blés ont été les moins exposés depuis plus de 15 ans en France », conclut Arvalis.