Bovin : conjoncture sem 53-2020

2020 - Relèvement des prix pour la Charolaise

Une fois n’est pas coutume, mais cette année aura été assez favorable à la viande bovine française. La pandémie et les confinements ont fait revenir les ménages vers plus de local avec une progression de 2% en VBF, alors que la consommation globale baisse de 2% notamment avec le recul des importations notamment vers la RHF. Cette demande se concentre de plus en plus sur les produits transformés (steak haché…) , alors que certaines catégories d’aloyau destinées à la restauration restent dans les frigos. L’équilibre matière est une équation très difficile à tenir pour les industriels.

Sous l’impulsion des grands industriels, qui ont répondu à l’appel de la profession sur un relèvement des prix à la production, le prix des vaches Charolaises R= a été relevé à 4,05€ (source cotation rendue abattoir) dans un certain nombre d’entreprises. Cela porte la moyenne annuelle à 3,90€ contre 3,70€ en 2019 et 3,57€ en 2018. Tous les animaux ne profitent pas de ces tarifs favorables, mais cette politique de soutien a permis d’éviter un effondrement du marché dans les périodes creuses. 

Cette fin d’année est également favorable à la viande bovine de qualité avec une très belle activité dans la boucherie traditionnelle et les GMS avec de bons rayons découpe. Le bœuf n’a pas eu à subir la mauvaise pub de la grippe aviaire sur la volaille, notamment le canard, même si cette maladie n’a pas d’impact sur la viande. Il a également profité de sa souplesse de portionnage sur des repas de famille réduits en nombre de convives, au détriment des grosses volailles (Chapons, poulardes…).  

Le climat commercial de cette fin d’année reste morose avec de nombreux éleveurs en grande difficulté face à la forte dégradation du prix des broutards. Cette production est le revenu principal des éleveurs allaitants. Or, la pandémie a complètement bouleversé les équilibres européens avec un impact très fort sur la production de jeune bovin, principalement destinée à la RHF. Les expéditions se sont tenues sur l’Italie, mais celles sur l’Espagne sont en forte baisse. Les engraisseurs espagnols et polonais en perte de vitesse sur les marchés hors UE se sont retournés vers l’Italie avec des tarifs très agressifs. Les engraisseurs italiens ont fait pression sur le prix des broutards français pour compenser les pertes subies sur les JB. La production française a vu dans le même temps gonfler ses stocks. Ces derniers sont maintenant à jour.

Cette fin d’année a vu également de nombreux éleveurs se retirer de cette profession faute de rentabilité et de vision de l’avenir, avec une sécheresse qui a mis a mal de nombreuses exploitations. Une statistique inquiétante montre de 12% des éleveurs envisage une cessation de la production alors que le renouvellement des générations n’a jamais été aussi bas.