Conjoncture – La France agricole s’embrase.

Les agriculteurs attendent avec une très grande attention les mesures qui seront annoncées par le gouvernement pour leur rendre de la dignité dans leur travail, et un revenu décent.

Conjoncture – Depuis quelques semaines, le monde agricole est en ébullition sur l’ensemble du territoire européen avec des revendications très disparates, mais qui tournent souvent autour de la hausse des charges, de l’empilement de normes européennes ou nationales et la concurrence engendrée par des importations massives ukrainiennes. Le risque d’une ébullition, c’est une éruption incontrôlée qui embrase d’autres secteurs d’activité et noie les revendications agricoles dans un flux de contestation tous azimuts. C’est ce que redoute les politiques, mais également les agriculteurs qui ne veulent pas voir un mouvement type « gilet jaune » se greffer à leurs revendications. Le gouvernement a promis des annonces rapides, mais il n’a pas toutes les cartes en main quand la majorité des décisions agricoles sont prises à Bruxelles où « le bon sens paysan » a peu d’impact sur les lobbies environnementaux qui ont amené au « green deal ». Les décisions de la Commission Européenne ont une inertie très peu compatible avec le quotidien des agriculteurs. 

Si on recentre la focale sur l’élevage. Si le prix reste une revendication importante, la revalorisation de ces dernières années fait passer ce dossier au second plan, par rapport à l’accroissement des charges et de l’accumulation de contraintes administratives parfois très contradictoires d’où le mouvement « on marche sur la tête ».  

Les projections de l’IDELE pour 2024 annoncent une réduction persistante des cheptels laitiers et allaitants. Les éleveurs, les négociants et les industriels le constatent tous les jours. Néanmoins, ce reflux de la production serait moins prononcé que ces dernières années en TEC (tonne équivalent carcasse) : -1,2% contre -5% ces deux dernières années.  La baisse restera très sensible dans les femelles avec -1,8% alors que la production de mâles progressera de 2%, face à la renationalisation de la production de jeune bovin. Avec moins de sorties d’élevages, la baisse des abattages de vaches allaitantes serait alors de -3,1% en têtes en 2024 et -2,50% en laitières. Le renforcement de la production de jeunes bovins au détriment des exportations semble une parade à court terme de la production, mais sans femelles, le modèle sera caduc sauf en utilisant la grande masse de veaux laitiers ou croisés. 

Tous ces chiffres de production n’ont de sens que si on regarde la demande des consommateurs. Or la consommation de viande bovine devrait bien résister aux attaques en tout genre avec une baisse limitée à 0,50%. Le bœuf reste attractif pour les consommateurs avec la viande hachée comme tête de pont, et une activité RHD qui se porte plutôt bien, même si elle porte une mauvaise image pour les éleveurs en raison de sa propension à travailler avec des viandes UE. La consommation de viande française (VBF) se réduirait (-1,8% /2023) compte tenu de la baisse des abattages en France, notamment ceux de femelles.  Cette relative stabilité de la consommation nécessitera une hausse des importations de 3% pour compenser le recul des abattages. Les jeux olympiques et paralympiques de 2024 renforceront la demande au cœur de l’été avec les 13 millions de repas (en viande VBF) qui seront servis aux millions de touristes. 

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