De la Seine olympique à la Sèvre niortaise, on marche sur… l’eau

[Edito] Alors que Paris s’ébroue à faire de la Seine une piscine olympique, la justice donne raison aux « anti-bassines » et anti « piscines olympiques » du Marais poitevin.

Plongera, plongera pas ? Tel est le suspens politico-olympique qui devrait prendre fin le 17 juillet prochain, avec le bain programmé de la maire de Paris dans la Seine, 34 ans après la promesse jamais honorée de l’ex-maire Jacques Chirac. Depuis 1923, la baignade y est en effet interdite pour cause d’insalubrité. Et si les différents ouvrages de rétention des eaux pluviales, à peine inaugurés, s’avèrent justement dimensionnés, les intempéries ne satureront plus le réseau des égouts parisiens qui eux-mêmes ne contamineront plus le fleuve en bactéries toxiques (pour rester soft). En 2025, Parisiennes et Parisiens, d’un jour ou de toujours, pourront se jeter dans la Seine, et avant eux les nageuses et nageurs des épreuves de triathlon et de natation marathon, puis de paratriathlon des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Le président de la République a lui-même fait vœu de plonger (dans le fleuve).

Des réserves de substitution à l’état de mirages

Remplira, remplira pas ? Telle est la question que se posent depuis le 9 juillet les 450 irrigants des 200 exploitations adhérentes de la Coop de l’eau 79 (Deux-Sèvres), porteuse du projet de construction de 16 retenues de substitution sur le bassin versant de le Sèvre niortaise. Pour l’heure, une seule est en service, quatre en construction et 11 à l’état de mirage. Mais, suite à une requête de l’association Nature environnement 17,  la justice administrative vient de fermer en partie les vannes à leur futur remplissage, malgré leur légalité, malgré les études d’impacts et en dépit du fait que l’Etablissement public du Marais poitevin est un établissement d’Etat, sous tutelle du ministère de la Transition écologique. C’est dire le niveau d’insécurité juridique susceptible de faire clapoter et capoter les projets hydrauliques de France et de Navarre. Ironie de la (mauvaise) histoire : la décision tombe en pleine campagne d’irrigation et à l’issue d’une interminable séquence météorologique exceptionnellement pluvieuse, qui a vu les nappes se recharger entre avril et mai (!) et la récolte de blé en faire les frais. On marche sur… l’eau.

A défaut de marcher sur l’eau, surnager

Inutile de dire qu’en ces temps de flottement politique, il ne faut pas attendre de bouées de sauvetage de la part des pouvoirs publics. Les irrigants risquent en revanche plus sûrement de pâtir de la mobilisation « Stop méga-bassines » programmée du 16 au 21 juillet au Village de l’eau à Melle (Deux-Sèvres) et alentours, à l’initiative d’une centaine d’organisations qui se plaisent à convertir les réserves de substitution en équivalent piscines olympiques (quand ils ne les dégradent pas). Comme quoi les Jeux sont fédérateurs, davantage peut-être que nos deux élus précités, un tantinet rincés par l’exercice de leurs lourdes et plombantes fonctions respectives. A défaut de marcher sur l’eau, on leur souhaite, a minima, de surnager. Et de ne pas boire la tasse.