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Conjoncture - La hausse des prix fait-elle le nid des importations hors UE ?
Les éleveurs sont heureux de pouvoir enfin avoir des tarifs rémunérateurs, mais l’emballement des prix est-il une porte ouverte aux importations hors UE ?
Conjoncture – Dans deux semaines, le salon de l’agriculture sera une nouvelle fois un moment important pour les agriculteurs, avec une grande couverture médiatique. Chacun se rappelle les manifestations de l’automne, avec des attentes vitales pour des productions qui ont été malmenées par une météo dévastatrice par endroits ou des attaques virales qui ont fait (et font encore) de gros dégâts.
Cette vitrine de la richesse et du savoir-faire des éleveurs, mais également de toutes les branches du milieu agricole, va attirer de nombreux visiteurs, souvent néophytes et urbains qui vont le temps du salon se reconnecter à leurs racines. Les enfants seront aux premières loges pour admirer les animaux, quant aux parents, ils seront plus attirés par la diversité culinaire de nos régions.
Les politiques feront leurs petites visites, et les syndicats commenteront les résultats des élections des chambres d’agriculture.
Tout ceci sera rondement mené.
Mais dans ce monde en ébullition permanente, le sujet de l’envolée des prix de la viande bovine reste une préoccupation pour de nombreux acteurs de la filière. Les éleveurs sont heureux de pouvoir enfin avoir des tarifs rémunérateurs, mais l’emballement des prix est-il une porte ouverte aux importations hors UE ?
Les réticences sont nombreuses, et les discours politiques sont forts à l’encontre de l’accord avec le Mercosur, mais l’économie prend souvent le dessus sur les paroles, d’autant plus qu’une brèche a été ouverte en fin d’année avec un accord provisoire. Les contingents détaxés vont pouvoir investir le marché européen, avec une priorité aux aloyaux avec des tarifs très agressifs. À titre indicatif un rôti de bœuf d’un kg (ou viande équivalente) se valorise en ce début d’année à 7,65€ en Argentine, 6,46€ au Brésil, 14,90€ aux États-Unis et 18,71€ en France (source site internet « combien-coute.net »). Même avec des droits de douane, ils sont compétitifs. Reste la barrière politique, avec des clauses miroirs (difficilement contrôlable) pour protéger ce qu’il reste de l’élevage français.
Pour être compétitif, il faudrait pouvoir gommer les écarts de coûts de production, le plus souvent incrémentée d’une accumulation de normes et de charges administratives promulguées par la Commission européenne. L’Europe verte et les obligations du fameux « green deal » sont dans le viseur, alors que des instances scientifiques prennent le problème dans l’autre sens, en prônant une réduction de la consommation de viande rouge, pour sauver la planète. Les éleveurs apprécieront !
De toute façon, au rythme où les tarifs s’envolent, le prix sera dissuasif pour une frange importante de français à bas revenu.
La production de jeune bovin est très symptomatique du déséquilibre créé sur le marché européen. Sur une même carcasse de JB de race à viande, les pièces peuvent prendre la direction de l’Allemagne, de l’Italie, de la Grèce et de moins en moins sur la France face au niveau élevé des prix. Ceci est vrai également pour les JB Polonais ou des bœufs irlandais vers l’Italie, la Turquie, la Grèce, l’Espagne ou la France, avec comme principal débouché la RHD.
Aujourd’hui, près de 25 % des viandes consommées en France proviennent de nos voisins européens face à une décroissance persistante du cheptel. Quand sera-t-il demain ?
La trop longue absence de reconnaissance de la valorisation des produits engendre une destruction importante du tissu de production. Jusqu’à présent, les consommateurs n’ont jamais manqué de viande, mais sans importation ce serait le cas.