Conjoncture : Le prix des laitières reste sous le joug des industriels

Le recul des prix des laitières redonne de la compétitivité face à l’import, car les autres pays européens sont plutôt stables, voire un peu plus fermes cette semaine comme en Belgique ou en Allemagne.

Conjoncture – Alors que la souveraineté alimentaire reste une utopie de nos dirigeants politiques tant les importations sont maintenant incontournables au regard de la faiblesse de la production nationale que ce soit en bovins, ovins, volailles ou porcs. Cela fait des décennies que la guerre des prix a détruit notre tissu de production. Aujourd’hui, les grands pays producteurs sont toujours avides de pénétrer notre marché à valeur ajoutée. La fonte du cheptel allaitant reste inquiétante, et pour tendre vers cette « souveraineté alimentaire » certains ne trouvent pas mieux que d’opter sur une réduction de la consommation de viande bovine. Or, même si les grands moyens sont utilisés pour éloigner les consommateurs, les Français aiment la viande et restent attachés à la qualité de nos nombreuses races présentes sur le territoire.

Du côté européen, de nombreux pays se heurtent à la décroissance de la production, avec des décisions politiques fortes comme aux Pays-Bas qui ont décimé les cheptels. Les abatteurs hollandais et allemands font face à une réduction de la production, notamment de jeunes bovins. En Italie, le recul des mises en place de JB, participe à une très bonne tenue des prix. Les raisons sont connues, avec le recul du cheptel allaitant, les FCO, et le renforcement des mises en production française, et le niveau élevé des prix, limitent les volumes éligibles à l’export. L’Espagne est un peu dans la même situation, avec un déséquilibre qui se crée entre la production destinée à la consommation intérieure et le dynamisme généré par les marchés exports (Maroc en vif et Algérie en carcasse). Ce pays, qui a fortement dynamisé ces structures d’engraissement pour l’export, se retrouve confronté aux contraintes imposées par les restrictions liées à la FCO3 en France. Alors que les disponibilités en veaux sont au plus haut, le refus des cas positifs limite les volumes importés et empêche les engraisseurs de profiter des prix bas à cette période de l’année, avec des veaux laitiers lourds toujours très bien valorisés.

Sur le marché des réformes laitières, les mouvements tarifaires sont exclusivement opérés sur la France, avec des abatteurs qui profitent d’une offre saisonnière décalée et suffisante pour une demande consommateur qui bascule de l’été à l’hiver. Le recul des prix des laitières redonne de la compétitivité face à l’import, car les autres pays européens sont plutôt stables, voire un peu plus fermes. En semaine 39, les vaches O Allemandes se maintenaient à 4,25€, Irlandaises à 4,37€, Espagnoles à 4,09€, Polonaises à 4,27€ et des Italiennes à 4,09€ alors que FranceAgriMer indique que les O mixtes Françaises se tassent à 4,74€ et 4,35€ pour les laitières (prix rendus en abattoirs). Ce rééquilibrage devrait donner des ouvertures sur le marché de la RHF sur certains produits.

La filière viande est à l’aube de très grand changement dont les répercussions sont difficilement appréhendables, tant au niveau des éleveurs, des industriels, des marchés export, que de la filière aval dans son ensemble, avec des impacts sanitaires qui seront importants pour les années à venir. En dernier lieu, c’est le consommateur qui reste le maître du jeu dans le niveau de prix qu’il sera capable d’accepter dans le flux haussier des charges qui pèsent sur leur budget, « 54 % des français déclarent finir leur fin de mois avec un compte en banque en négatif ».

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