Conjoncture – Les agriculteurs maintiennent la pression.

Dans une Europe agricole en ébullition, les agriculteurs français maintiennent le gouvernement sous pression sur le gouvernement, mais la Commission européenne doit également se mettre au diapason

Conjoncture – Même si depuis une semaine, les tracteurs sont rentrés dans les fermes, les agriculteurs maintiennent la pression et se disent prêts à remettre ça, si les mesures annoncées et leurs mises en application ne sont pas à la hauteur de leurs revendications et la liste est longue.  Les agriculteurs déplorent que certaines mesures, règles qui régissent leur activité et les contraintes administratives qui leur sont liées, soient trop souvent déconnectées de leur réalité professionnelle, elle-même dépendante de l’agronomie, du climat, mais aussi du contexte économique avec comme slogan « on marche sur la tête ». Les rencontres avec le Premier Ministre et le Président de la République devraient donner une feuille de route avant de Salon International de l’Agriculture, qui se déroulera à partir du 24 février à la porte de Versailles à Paris, et qui sera marqué par la présentation de la future loi d’orientation agricole. Les agriculteurs veulent des décisions concrètes qui se voient rapidement dans leurs exploitations, même s’ils savent que certaines mesures vont prendre plus de temps. 

Le gouvernement joue les équilibristes, car en cédant aux revendications des agriculteurs, l'exécutif prend le risque de se mettre à dos les associations environnementales qui sont « vent debout » devant la suspension du plan Ecophyto.

Les mobilisations des professions agricoles et des filières qui leur sont associées, sont nombreuses et touchent tous les pays de l’UE. Même si les revendications ne sont pas toutes de même nature, le tronc commun cible toujours l’accumulation de normes et de charges administratives promulguées par la Commission Européenne. L'Europe verte est dans le viseur et contre les obligations du fameux « green deal » qui n’est pas encore en vigueur. L’autre point commun de ces revendications tourne autour de la captation des marges par les acteurs des filières de l’aval et principalement de la distribution. L’ensemble des pays recherche une renationalisation de leur vente, même si les mouvements intra-européens sont indispensables.

La production de jeune bovin est très symptomatique de la demande sur le marché européen. Sur une même carcasse de JB de race à viande, les pièces peuvent prendre la direction de l’Allemagne, de l’Italie, de la Grèce ou de la France en fonction des besoins et du niveau de rémunération. Ceci est vrai également pour les JB Polonais ou des bœufs irlandais vers l’Italie, la Grèce, l’Espagne ou la France, avec comme principal débouché la RHD.     

Aujourd’hui, près de 25% des viandes consommées en France proviennent de nos voisins européens face à une décroissance persistante du cheptel. Fort de la loi Egalim, les agriculteurs toutes filières confondues montent au front pour dénoncer l’absence de cohérence de certaines marques face à l’origine des composants qu’elles emploient.

La trop longue absence de reconnaissance de la valorisation des produits engendre une destruction importante du tissu de production. Les consommateurs n’ont jamais manqué de viande, mais sans importation ce serait le cas. Les abatteurs français en savent quelque chose au regard de la concurrence que ces produits mettent sur le marché.

Les « équilibres matières » restent compliqués à réaliser sur un marché où la demande de minerai pour la production de viande hachée surgelée va se renforcer dans les semaines à venir pour l’approvisionnement en viande française, des Jeux olympiques. Actuellement, la commercialisation des aloyaux demeure compliquée, avec des actions promotionnelles qui se multiplient dans les magasins.

Le salon international de l’agriculture aura cette année une très grande couverture médiatique, et sera une vitrine pour donner de la résonance et du soutien à la production française. Avec de nombreux reportages, mais avec également des spots publicitaires qui encourageront les consommateurs à manger français.