[TÉMOIGNAGE] « Les vaches mangent de tout si on leur apprend » : comment ces éleveurs maximisent le pâturage en contrôlant l’embroussaillement

Pour valoriser au mieux leurs parcelles pâturées, Aurélien Roux (système bovin lait) et Éric Simon (ovin viande) ont en commun d’avoir « éduqué » leurs troupeaux à manger des végétaux spontanés comme les feuilles de certains ligneux et des fourrages en report sur pied. Retours d’expérience, quelques mois avant le Sommet de l’Élevage, où le pâturage sera l’un des sujets phares.

« Ma conserve, ce sont les bois », commence Éric Simon, éleveur de brebis allaitantes et de truies en plein air biologiques. Installé depuis 14 ans dans le nord du Lot, sur un plateau calcaire où les zones pastorales sont peu productives et très séchantes, il valorise ces parcelles grâce au pâturage, notamment parce que ses animaux ont appris qu’ils pouvaient manger la végétation disponible. Il a défini sa conduite d’élevage en fonction de ses objectifs (plein air intégral) et de ses parcelles. Résultat : tous les agnelages ont lieu fin mars. Pendant cette période, le troupeau évolue sur des pelouses et prairies qui ont commencé à pousser en mars. Elles mangent cette ressource au moment où leurs besoins sont les plus forts. En début d’été, les brebis sont taries et vont pâturer les végétaux (herbe, feuilles…) dans la forêt, qui représente 80 % de la surface de l’exploitation. « Nos zones de pelouse font encore un peu d’herbe en mai, mais en été, tout est cramé », explique Éric Simon. Les végétaux sous les bois, eux, sont protégés par les feuilles des arbres. Cette ressource attend le troupeau, notamment sur pied, qui viendra la consommer au cours de l’été ou de l’automne. « Pruneliers, aubépines, ronces… Les brebis mangent les feuilles des buissons et l’herbe sur pied qui les ont attendu tranquillement », poursuit l’éleveur. Cela lui permet aussi de contrôler l’avancement des pruneliers.

Comme les agnelages ont lieu en plein air, les agnelles vivent dehors avec les brebis. Les mères leur apprennent à trier et à manger ce qu’il y a à disposition. « Les jeunes ont une croissance plus lente que si elles étaient en bergerie. Elles ont le temps d’apprendre à manger la végétation présente, dont les feuilles et l’herbe sur pied… » En plus, si l’été est particulièrement long et sec, Éric Simon coupe des chênes pour que les brebis mangent des feuilles en complément.

Une vache dans le lot des génisses pour l’apprentissage par mimétisme

Dans le massif du Pilat, Aurélien Roux, éleveur de vaches laitières (Simmental et Jersiaises), effectue aussi un travail sur l’éducation de son troupeau aux végétations présentes sur ses parcelles. L’objectif : maximiser le pâturage, et contrôler l’embroussaillement. Pour ça, il augmente le chargement (soit en diminuant la taille d’une parcelle, soit en augmentant le nombre d’animaux y pâturant), pour que le troupeau soit contraint d’essayer les végétaux présents. « Avant, j’étais persuadé que les vaches ne pouvaient pas avoir leur ration avec les ronces, les ligneux, les feuilles d’arbres… En fait, elles mangent de tout si on leur apprend : il faut les inciter », montre Aurélien, vidéo de ses génisses mangeant les jeunes pousses non piquantes et les feuilles de ronce à l’appui. C’est notamment après une formation portée par le réseau Pâtur’Ajuste que l’éleveur a changé son regard sur la question. Cette alimentation lui permet également de contrôler l’embroussaillement de ses parcelles non mécanisées : « Si les buissons sont pâturés, ils sont entretenus et je les gère comme ça. Si, au contraire, je passais le gyrobroyeur, ils repousseraient de façon plus agressive et se multiplieraient encore plus. » Pour optimiser l’apprentissage des génisses, Aurélien met une vache dans leur lot, pour qu’elles apprennent aussi par mimétisme.

Son exploitation est donc basée sur la maximisation du pâturage et sur très peu de mécanisation : « C’est plus économique pour moi de laisser pâturer les vaches, même en report sur pied, que de faucher pour leur redonner par la suite. Il faut accepter que les vaches produisent moins, car ça reste plus intéressant par rapport au coût des charges. » Ce système est économiquement viable pour Aurélien Roux, qui conclut en observant sa ferme : « C’est quand même plus agréable de travailler sur une parcelle avec des bosquets, des haies et des arbres. »

 

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