- Accueil
- Conjoncture - « Où va-t-on prendre les vaches ? »
Conjoncture - « Où va-t-on prendre les vaches ? »
Au regard de la décheptelisation qui sévit partout en Europe, les industriels ont et auront de plus en plus de mal à faire fonctionner leurs outils d’abattage dans les prochaines années.
Conjoncture -. Avec -200 000 veaux sur les 9 derniers mois, la France est en première ligne avec une décheptellisation qui se renforce. A ce rythme, nous aurons perdu 25 à 30 % de nos capacités de production d’ici 10 ans, face aux nombreux départs en retraite. 10 ans c’est loin, car les abatteurs souffrent déjà, avec un impact direct sur les prix sur ce marché de libre-échange (+ 30 %). Ce bouleversement a complètement changé les approches du marché. Si dans un premier temps, la revalorisation des prix a été une très bonne chose pour les éleveurs (rattrapage de 30 ans de sous-valorisation), l’exercice va rapidement montrer ces limites, avec une inflation des prix qui impacte déjà la consommation.
Le tissu industriel de la transformation est en très grande surcapacité, et des coupes franches sont à craindre, avec des effets dévastateurs sur de nombreux secteurs d’activité. La restructuration de la filière d’abattage/transformation est en marche avec un effet déstructurant sur l’économie des territoires en termes d’emploi que ce soient dans les exploitations ou dans les outils industriels. Le maillage de la France des outils à disposition des éleveurs sera plus faible, avec plus de transport et une remise en question de certains circuits courts sur les régions concernées. Cette raréfaction du cheptel aura inévitablement des conséquences sur les besoins en prairie et de leur effet bénéfique sur la captation des gaz à effet de serre. Les conséquences de cette fonte des effectifs seront nombreuses et variées comme à chaque fois qu’un secteur d’activité est en souffrance (textile, métallurgie…).
La France n’est pas la seule dans ce cheminement. Nos principaux partenaires sont dans le même cheminement. Le paysage commercial a fortement évolué depuis le début de l’année. Les importations qui depuis de nombreuses années étaient l’épine qui faisait crier les éleveurs en temps de crise sont toujours présentes, sauf que maintenant ces produits (nécessaire à l’équilibre du marché) rentrent au prix fort. La France, qui fut très longtemps en haut de l’échelle de valorisation par rapport à nos voisins européens, se retrouve en bas, notamment en jeunes bovins et réformes laitières.
Dans ce paysage très sombre, on retrouve des éleveurs d’une très grande vitalité avec des résultats économiques en très nette progression (quand ils n’ont pas été touchés par une catastrophe climatique ou sanitaire). Ces revenus supplémentaires font qu’ils sont souvent à la pointe de la technologie et des innovations. Ils ont pris en main les réseaux sociaux avec une grande facilité.
La volonté de redonner de la vigueur à la consommation de viande française a été renforcée par la loi Egalim, notamment dans les secteurs publics et la restauration scolaire, même si dans le même temps on supprime progressivement la viande des menus. Les équilibres économiques vont être très compliqués à trancher à la rentrée prochaine, avec des hausses qui seront de plus en plus difficiles à intégrer dans le prix contraint des repas. Surtout au rythme actuel de la progression du prix du minerai qui est la base de toutes les viandes transformées.