Conjoncture - Où va le prix du bœuf ?

Au regard des courbes d’évolution des prix, les industriels se posent la question, ou va le prix du bœuf, et quelles en seront les conséquences sur la consommation.

Conjoncture – Dans un contexte de recul global de la production européenne et d’une consommation qui résistent plutôt bien, les prix s’envolent, avec des écarts parfois hallucinants entre les pays. Dans sa dernière note de conjoncture (https://tendances-lait-viande.fr/category/viande-bovine/?numero=371), L’IDELE relève la forte hausse des prix des réformes laitières. Les cotations des vaches O sont gagnées : + 74 centimes en quatre semaines en Irlande, + 30 cts aux Pays-Bas, + 32 cts en Allemagne, + 33 cts en France et encore + 5 cts en Pologne (base semaine 15). Le point d’orgue étant attribué à la cotation irlandaise avec un record à 6,88 €/kg de carcasse.

Cette envolée des prix est le résultat d’une décapitalisation massive liée à des politiques de verdissement européen et accentuée par des crises sanitaires (FCO et MHE) qui ont fortement impacté la fécondité, la mortalité des cheptels et par conséquent le nombre des naissances. Depuis le début de l’année, les volumes d’abattage ont chuté de 4 % en moyenne sur la France, avec un -6,60 % pour les JB viande, -5,4 % en vaches laitières, -5,2 pour le JB laitier, -3,4 % pour les génisses de viande et -1,2 % pour les vaches allaitantes. Cette érosion des volumes se poursuit, car les conséquences des attaques de la FCO ne sont pas finies. La reconstitution des cheptels nécessite un retrait de marchandise pour la boucherie et une forte mobilisation de génisse.

Ces maladies ne sont pas éradiquées et vont revenir en force avec le retour de la chaleur et des moustiques. Les cheptels qui n’ont pas été protégés prennent de gros risques, car les conséquences sont connues et dramatiques dans certains cas. La disponibilité en dose vaccinale est une très grande préoccupation pour les éleveurs, alors que les animaux sont maintenant dans les herbages.

La France tente de réagir face à cette érosion du cheptel en engraissant plus de jeunes bovins, mais cela renforce dans le même temps le déficit chez nos voisins et clients européens.

La concurrence de l’import qui a fait débat pendant de nombreuses années se retourne, car aujourd’hui la viande française se situe dans le bas de l’échelle des prix de l’UE, ce qui tend à renforcer nos exportations.

La hausse quasi linéaire se poursuit dans les femelles, avec des industrielles qui doivent en permanence répercuter (quand cela est possible) ces hausses dans le secteur aval. C’est compliqué, car les contrats signés en début d’année ont figé les prix. Personne ne pouvait anticiper une telle envolée des prix. Le plus gros du travail, reste à faire pour faire évoluer les prix dans le secteur aval sans trop perdre de client. Les rayons boucheries qui ont très longtemps servi de pôle d’attraction et de marge pour les GMS ne le sont plus.

Aujourd’hui, personne ne connaît vers quel seuil les prix de la viande vont atterrir pour se stabiliser. Mais une chose est sûre, c’est que nos niveaux de prix font de l’Europe une plateforme très lucrative pour les grands pays exportateurs. La politique européenne de libre-échange et d’ouverture des importations tous azimuts fait peser une épée de Damoclès sur une filière qui commence à profiter de tarifs rémunérateurs.