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Vendredi 21/11/2025

Conjoncture :  Tous les regards restent tournés vers l’Amérique du Sud

Les producteurs demandent toujours, que les normes drastiques imposées par l’Europe soient réciproques.

Conjoncture – Alors qu’une majorité des pays européens se dit favorable à une ratification du traité de libre-échange entre l’U.E et le Mercosur, la très grande majorité des éleveurs de ces pays, y est opposé. Ils ne veulent pas que certaines productions (viande, sucre, miel…) soient sacrifiées sur l’autel d’une ouverture commerciale favorable pour de nombreux autres secteurs (automobile, machine-outil, huile, vin…). Pour tordre le bras à la Commission européenne, la production demande que les normes drastiques de la production européenne soient imposées. Les trois exigences que la France signe cet accord sont la mise en place d’une clause de sauvegarde robuste, effective et activable pour protéger contre les déstabilisations de nos marchés agricoles, reposant sur un mécanisme de surveillance et une réaction rapide pour pouvoir bloquer les importations. La seconde est d’obtenir un agenda ambitieux de mesures miroirs sur la dimension des pesticides et de l’alimentation animale. Et la troisième est un renforcement des contrôles effectifs sur le plan sanitaire et phytosanitaire sur les produits importés, et dans les pays exportateurs pour assurer un contrôle effectif de nos normes européennes.

Après la déclaration du président Emmanuel Macron, qui notait que « l’accord allait dans le bon sens », Annie Genevard précisait à une délégation d’agriculteurs très remontés à Toulouse que « Tel qu’il existe aujourd’hui, l’accord UE-Mercosur recueillera un non très ferme de la France ». Une façon de renforcer la pression sur ces négociations. De côté, la Commission européenne a déjà fait une proposition sur la mise en place d’une clause de sauvegarde, mais le bras de fer se poursuit du côté des éleveurs.

Cette situation très tendue ne doit pas éluder les difficultés d’approvisionnement du marché français et européen face à la réduction des cheptels. L’impact de la FCO va s’étendre au moins sur les 18 prochains mois face à un taux de vaccination très faible (seulement 20% des animaux ont été vaccinés sur la Bretagne). Face à une consommation de viande qui résiste plutôt bien malgré la progression des prix de la viande transformée, l’interprofession insiste sur l’urgence d’un renforcement de l’engraissement, à partir de veaux ou de broutards. La France a un potentiel unique de naissage. L’enjeu pour les industriels est de renforcer l’engraissement, en tissant des relations de confiance entre les maillons par la contractualisation et en accompagnant les porteurs de projets auprès des financeurs. Le monde de l’élevage a changé de paradigme en passant d’un marché poussé par l’offre à celui d’un marché tiré par la demande. Face à la forte progression des prix, il est important d’apporter de la sécurité et de la visibilité au porteur de projet. En revanche, ce message trouvera-t-il un écho auprès d’éleveurs installés qui n’a jamais gagné autant d’argent (quand ils n’ont pas été impactés par les crises sanitaires) ? Si nous ne parvenons pas à relancer la production, le seul levier pour satisfaire la consommation sera l’importation.

Dans cette actualité focalisée sur les accords commerciaux multilatéraux, il y a une menace encore plus grande pour l’agriculture européenne. Cela ne fait pas de bruit, même si elle avance dans les méandres bruxellois. L’incorporation de l’Ukraine, dans l’Union européenne, aurait un impact bien plus important sur le quotidien des agriculteurs. La refonte de la PAC en serait la plus importante. La mise en concurrence de production aux normes très éloignées des nôtres en serait une seconde. Tout cela sera bien évidemment à relier aux conséquences d’une guerre qui n’en finit pas.

Les Français regardent ces confits à la télé ou écoutent la radio, mais peu sont directement impactés. Ils prennent pourtant position pour la défense des agriculteurs et des éleveurs en particulier. Le lien à la terre est peut-être distendu, mais pas celui avec leur assiette ou leur porte-monnaie. Ils aiment la bonne viande, même si leur habitude alimentaire bouge, avec des réseaux d’influence qui cherchent de plus en plus à les écarter du régime carnivore sur fond de préservation de la planète. A la saison, les ménages sont moins attirés par les pièces nobles, mais l’arrivée du froid va renforcer la demande des viandes a mijotée qui sont moins onéreuse pour le budget des ménages, mais qui demande un peu plus de temps ou d’anticipation des repas.

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