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Vendredi 14/11/2025

Plessé, une commune de 5000 habitants qui possède sa propre PAC

Commune rurale de Loire-Atlantique, Plessé a décidé de se doter de sa propre PAC, Politique agricole communale. Recensement des cédants, accueil des porteurs de projets, promotion active des circuits courts, communication positive, rencontres avec les habitants : à Plessé, l’agriculture durable est un bien commun à préserver.

« Rien n’est impossible ». Eleveur laitier bio et premier adjoint à la mairie de Plessé (Loire-Atlantique), Rémi Beslé est d’un naturel optimiste. Et il a sans doute raison de l’être, car la PAC (Politique agricole communale), appelée aussi PAAC (Politique agricole et alimentaire communale), que son équipe municipale a souhaité mettre en place il y a 5 ans, semble bien porter ses fruits.

« Depuis le début du mandat, sur la commune, nous avons eu 25 départs d’agriculteurs et 25 installations ». Une installation pour chaque départ : le graal pour toute commune rurale. Sur ses 6 300 hectares agricoles, en cinq ans, Plessé a donc gardé ses 92 exploitations et ses 133 chefs d’exploitation. « Ces installations ne sont peut-être pas toutes de notre fait, mais ça nous donne quand même un petit peu de réassurance », se réjouit l’élu.

Priorité au renouvellement des générations

Le renouvellement des générations était la problématique principale que le comité « agriculture, alimentation, biodiversité et environnement » avait envie de travailler dans sa PAC. A Plessé, les classiques commissions municipales sont remplacées par des comités consultatifs. En l’occurrence, le comité « agriculture, alimentation, biodiversité et environnement » comprend une quarantaine de personnes, dont 12 élus municipaux et des citoyens qui ont souhaité s’engager sur ces sujets.

Plusieurs actions en faveur du renouvellement des générations ont ainsi été mises en place : repérages des cédants – « on n’a pas hésité à faire du porte-à-porte, à aller les chercher », réception des porteurs de projets, cafés-installations, création de groupes pour les jeunes installés…

Toutes ces actions ont été d’autant plus efficaces qu’elles ont été relayées et complétées à l’échelle de la communauté d’agglomération de Redon. Rémi Beslé en est aussi l’un des élus, en charge notamment de son PAAT (projet alimentaire territorial gratifié lui aussi d’un autre A pour agricole). « C’était le bon timing pour faire des choses ».

Eleveur laitier, Rémi Beslé est premier adjoint à la mairie de Plessé, en charge notamment de sa PAC, Politique agricole communale. (Crédits photo : commune de Plessé)

Se faire connaître de tous les réseaux professionnels

Pour conduire la construction et l’animation de sa PAC, le comité agriculture de Plessé a choisi de faire appel à une conseillère spécialisée, en l’occurrence une chargée d’accompagnement de CAP 44. Cette petite Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), plutôt proche des réseaux de l’agriculture paysanne, a aussi pu faciliter l’accès à son vivier de porteurs de projets.

Mais même si l’agriculture de ce type (« paysanne » et bio) a la préférence de Plessé, ce n’est pas du tout une obligation : « On veut une agriculture plurielle. Nous sommes une terre d’élevage, mais nous avons aussi des cultures, du maraîchage, des volailles, des arbres fruitiers… Et notre objectif, c’est de travailler avec tous les organismes d’accompagnement agricole », assure Rémi Beslé. Le Civam, le GAB et la maison régionale de la chambre d’agriculture sont des partenaires et des relais de la volonté plesséenne de favoriser les installations.

"Tout le monde sait à présent que Plessé cherche à favoriser les installations"

Toutes ces actions de communication et de réseautage ont bien fonctionné jusqu’à présent, grâce au bouche-à-oreille et grâce aux médias qui s’en sont fait l’écho : « Ça fait un peu « boule de neige », se réjouit Rémi Beslé. Tout le monde sait à présent que Plessé cherche à favoriser les installations. »

Une veille foncière active

La PAC à Plessé est toutefois loin de se limiter à de la com’. Car la commune se donne les moyens d’agir concrètement sur le nerf de la guerre de l’installation : le foncier. « Nous suivons régulièrement les transactions sur le site Vigie foncier et nous avons la capacité de préempter du foncier lors d’une vente, pas pour la commune directement, mais pour le compte d’un porteur de projet d’installation ou de consolidation. En cinq ans, nous l’avons fait à trois reprises ».

D’autres actions concrètes ont été réalisées dans le cadre de la PAC de Plessé, et elles aussi ont pu aussi favoriser ou consolider des installations : la cantine municipale est passée en gestion directe, avec un approvisionnement local sur les légumes, les produits laitiers et la viande. « Le contrat de délégation avec un prestataire arrivait à son terme. Nous avons recruté une cheffe, qui d’ailleurs est l’ancienne salariée du prestataire, et deux cuisinières. La cuisine centrale alimente nos quatre écoles et produit 450 repas par jour ».

Une cantine et une épicerie solidaire approvisionnées très localement

« En théorie, la cuisine centrale peut absorber la production entière d’un maraîcher, mais lorsque nous les avons réunis, ceux qui étaient intéressés ont fait le choix de se partager l’approvisionnement », décrit Rémi Beslé, qui rappelle que Plessé a installé récemment plusieurs maraîchers : elle en compte aujourd’hui onze.

Le coût de ce passage en gestion directe n’est pas trop lourd pour la collectivité : « A priori, on est dans les clous avec un coût matière à 1,65 € par repas. Aujourd’hui, la cantine nous coûte 140 000 € par an, contre 120 000 € lorsque nous étions en gestion déléguée. Et comme nous avons beaucoup travaillé les grammages et l’encadrement par les animateurs, nous avons moins de pertes : on y gagne sur ce plan. »

Autre action liée à la PAC : une épicerie solidaire, portée par des citoyens bénévoles, a été aidée par la commune à prendre son démarrage. Elle aussi s’approvisionne majoritairement en produits essentiels et locaux, qu’elle propose à trois tarifs différents, selon les moyens des consommateurs.

Faire connaître et comprendre le monde agricole

Enfin, la PAC de Plessé s’attache aussi à créer des liens avec les citoyens de la commune : « On veut sortir l’agriculture du monde agricolo-agricole. L’agriculture, c’est pour la collectivité. On rappelle aux habitants son importance, puisque c’est notre première activité économique sur la commune, et on évoque aussi ses contraintes, ses difficultés. L’objectif, c’est de vivre ensemble sur le territoire. ».

« On communique positivement sur l’agriculture chaque mois dans notre gazette communale et tous les ans, nous organisons une journée du patrimoine agricole. Je pense que tous les plésséens savent à présent qu’ils ont une Politique agricole communale. On a encore d’autres projets, on n'a pas encore tout gagné, mais on pourra se dire qu'on a essayé de faire quelque chose pour préserver notre agriculture et nos emplois agricoles ».

Chaque année, la commune organise sa journée du patrimoine agricole, à la découverte des fermes locales.