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Conjoncture : Tous les regards sont tournés vers l’Amérique du Sud
Le Mercosur est l’arbre qui cache la forêt d’un monde paysan en détresse de surcharge de norme, de contraintes administratives et d’attaque virale à répétition.
Conjoncture – Alors qu’une majorité des pays européens se dit favorable à une ratification du traité de libre-échange entre l’U.E et le Mercosur, la très grande majorité des éleveurs de ces pays, y est opposée. Ils ne veulent pas que certaines productions (viande, sucre, miel…) soient sacrifiées sur l’autel d’une ouverture commerciale favorable pour de nombreux autres secteurs (automobile, machine-outil, huile, vin…). Pour tordre le bras aux hommes politiques, la production demande que les normes drastiques de la production européenne soient imposées. Ce sont ces fameuses clauses miroirs. Les enjeux économiques, mais également géopolitiques sont importants, et encore une fois l’Europe avance en mode dispersé.
Les normes de production ne sont pas les mêmes au sein de l’U.E, avec de nombreuses transpositions nationales. Chaque pays avance en fonction de ses propres intérêts et souvent de la couleur politique des dirigeants.
Si la signature de ces accords lors du prochain G20, focalise l’attention, les manifestations en cours révèlent d’autres points, beaucoup plus impactant au quotidien pour les producteurs. En premier lieu, on retrouve la charge administrative pour répondre à des normes de plus en plus contraignantes. La paperasserie, comme ils l’appellent, est une charge de travail conséquente (non rémunérée), très pointue et surtout génératrice de stress quand vient le temps des contrôles, même si ces derniers vont être remodelés et concentrés à un an en présentiel. La surveillance administrative va se poursuivre. La prise en compte des maladies vectorielles est un autre dossier important, avec des impacts très épars en fonction des régions, mais qui peuvent être dramatiques chez les éleveurs les plus touchés.
Ces points sont essentiels, mais il ne faut pas écarter les enjeux politiques des manifestations en cours face à des élections des représentants des chambres d’agriculture qui se profilent en janvier 2025. Chaque instance syndicale doit se montrer pour défendre leur vision de l’agriculture de demain. Le risque de surenchère dans le mouvement de protestation est présent, avec un risque si cela allait jusqu’au blocage des magasins, en pleine période des achats de Noël, de se mettre à dos une population tout acquise à la cause agricole.
Dans ce monde focalisé sur les accords commerciaux multilatéraux, il y a une menace encore plus grande pour l’agriculture européenne. Cela ne fait pas de bruit, même si elle avance dans les méandres bruxellois. L’incorporation de l’Ukraine, dans l’Union européenne, aurait un impact bien plus important sur le quotidien des agriculteurs. La refonte de la PAC en serait la plus importante. La mise en concurrence de production aux normes très éloignées des nôtres en serait une seconde. Tout cela sera bien évidemment à relier aux conséquences d’une guerre qui n’en finit pas.
Les Français regardent ces confits à la télé ou écoutent la radio, mais peu sont directement impactés. Ils prennent pourtant position pour la défense des agriculteurs et des éleveurs en particulier. Le lien à la terre est peut-être distendu, mais pas celui avec leur assiette ou leur porte-monnaie. Ils aiment la bonne viande, même si leur habitude alimentaire bouge, avec des réseaux d’influence qui cherchent de plus en plus à les écarter du régime carnivore sur fond de préservation de la planète. A la saison, les ménages sont moins attirés par les pièces nobles, sauf dans les promotions effectuées ces dernières semaines par les magasins. Les achats dans les GMS s’orientent de plus en plus vers les produits d’entrée de gamme. Les hypermarchés et supermarchés restent le principal lieu d’achat de viande de bœuf avec 56 % des ventes devant la RHD 27 % et la boucherie 12 %.