- Accueil
- Conjoncture : Une situation sanitaire toujours très préoccupante pour l’élevage
Conjoncture : Une situation sanitaire toujours très préoccupante pour l’élevage
Si les prix connaissent un rebond important en ce début d’année au profit de éleveurs, les inquiétudes sont fortes sur le volet sanitaire.
Conjoncture – Le Salon de l’Agriculture se déroule dans un climat d’apaisement après une fin d’année très houleuse sous fond de guerre syndicale. L’adoption du budget de l’Etat et de la LOA a rassuré les agriculteurs. Quant aux éleveurs, si les prix connaissent un rebond important en ce début d’année, l’inquiétude perdure sur le volet sanitaire. Les FCO 3-4-8 ainsi que la MHE sont toujours présentes et des craintes sérieuses sont ressenties pour 2025 avec une couverture vaccinale insuffisante et une rupture ponctuelle de stock de vaccin à la veille du retour des culicoïdés pour le printemps. L’impact sur la production française n’est pas entièrement répertorié avec de la surmortalité et des problèmes de fertilité. La menace de nouveaux variants est prégnante, avec de la FCO 1 en Espagne et de la FCO 12 aux Pays-Bas. Le sanitaire est actuellement le sujet le plus sensible, car les impacts économiques sont dramatiques pour les éleveurs, alors que celui sur la décapitalisation de la ferme France met en danger nos structures intermédiaires de l’abattage et de la transformation.
Une étude de l’IDELE, annonce une année 2025 bousculée par le sanitaire. La production française devrait reculer de 1,8 %, et confirme le repli entamé depuis 8 ans. Ce recul sera principalement mis au crédit des femelles, avec -8 % de réformes laitières disponibles pour l’abattage et 3,6 % dans le secteur allaitant. La recapitalisation des cheptels après les attaques de FCO sera lente, et va impacter les volumes. Du côté des mâles, si la production de bœufs est annoncée en progression, elle reste marginale. En revanche, celle des jeunes bovins, démontre l’intérêt des industriels et des engraisseurs à relancer cette filière, malgré un contexte très particulier d’envolée des prix que ce soit du maigre ou de la viande. Même si elle est modeste, une hausse de 0,3 % de sortie de taurillons est attendue, notamment dans les types viandes. Les types laitiers seraient en replis de 2,5 %.
Face à la baisse importante des effectifs de broutards, le marché reste sous très haute tension. Au 1er décembre 2024, les mâles de 6-12 mois affichaient une baisse de 2 % alors que les moins de 6 mois reculaient de 9 %, avec un impact sanitaire important. Nos voisins européens qui n’ont pas le cheptel naisseur voient avec une grande inquiétude la chute des disponibilités. Après un recul de 7 % en 2022 et 2023 de 5,6 % en 2024, c’est un -8 % qui est estimé pour 2025. La réorientation des broutards vers le marché français accentue le phénomène. Nos voisins italiens manquent de JB dans leurs ateliers d’engraissement, ce qui entraîne une très forte inflation de la viande avec des Charolais U valorisés entre 6,90 et 7€. L’Espagne, qui est la plaque tournante de l’export vers les pays tiers, a de gros besoins et se retrouve dans la même situation de manque, avec un frein supplémentaire dans la réglementation sanitaire (vaccins pour les broutards et PCR pour les veaux).
Le déficit structurel et conjoncturel de l’offre, tant sur le marché français qu’Européen et l’emballement des prix dans toutes les productions, posent la question de savoir si nous sommes passés dans une autre dimension ? Les prix battent des records chaque semaine, avec des niveaux inimaginables il y a encore quelques mois. La question se pose de la conversion de ces prix dans le secteur aval et dans l’assiette des consommateurs. Les prévisions donnent une baisse qui se limiterait à 1 % pour 2025, mais avec un corollaire de -2,5 % pour le VBF et +3 % de viande importée. Le bœuf reste très apprécié des familles et bien mis en avant dans la restauration.
Dans l’étude « Où va le bœuf » publiée par l’IDELE, la viande hachée représentait 48 % de la consommation de viande en 2022, ce chiffre monte jusqu’à 61 % si on y ajoute les plats préparés (voire 65 % en GMS).