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Conjoncture : Va-t-on vers une nouvelle crise majeure de l’élevage ?

Le nouveau cluster de DNCB dans le Rhône inquiète quant à la diffusion de la maladie.

Conjoncture – Le SPACE est passé, place au Sommet de l’Elevage (du 07 au 10 octobre), dans un climat de très forte tension au regard de l’accélération automnale des cas de FCO et de DNCB. Les campagnes de vaccination sont lancées pour essayer d’enrayer la propagation de ces maladies, mais pour de nombreux éleveurs c’est déjà trop tard, avec la FCO qui continue de décimer les troupeaux notamment par l’absence de veaux, ou de la DNCB qui réintroduit un nouveau zonage dans le Rhône. Après un SPACE dépeuplé d’animaux par l’épizootie de FCO, l’inquiétude est grandissante pour le sommet de l’élevage qui pourrait également perdre une partie de ses animaux.

Si les conséquences de la FCO sont connues, et maîtrisée par une vaccination, le bond de 100 km de la DNCB interroge et fait craindre le pire. Va-t-on vers une nouvelle crise majeure de l’élevage ? Les mesures pour enrayer cette nouvelle épizootie apparue en juin en Savoie sont pourtant drastiques (abattages des animaux, zonages avec restriction de mouvement et vaccination obligatoire). Chacun pensait que ce traitement de la maladie était sur la bonne voie, avec une baisse du nombre de cas, mais ce nouveau foyer dans une région à forte densité d’élevage remet toutes les certitudes à plat.

Ce n’est pas comme si on découvrait cette maladie. Les cas en Savoie et en Isère laissent entrevoir les contraintes pour les éleveurs de cette nouvelle zone réglementée.

Le traumatisme subi par les éleveurs qui ont perdu leurs animaux voire leurs troupeaux est immense. Le stress monte chez les autres, qui se retrouvent confrontés à garder leurs animaux à l’approche de l’hiver. Un nouveau plan de vaccination obligatoire massif est mis en place, mais cela va prendre du temps, car quelque 350 000 animaux sont concernés. Les contraintes de biosécurité apportées aux éleveurs en termes de surveillance des troupeaux, souvent éparpillés dans des herbages, sont énormes.

Les conséquences économiques vont être très importantes pour les filières concernées. L’interdiction des mouvements de bovins et d’animaux sensibles à la DNCB (notamment pas de ramassage des veaux et des broutards). Les exportateurs sont en première ligne, avec de très nombreux animaux mis en préparation et bloqués. Au regard du prix des animaux, les enjeux financiers sont considérables et difficiles à quantifier à ce jour. Les abatteurs de la zone indemne vont devoir se passer des animaux de zone réglementée (ZR), car aucune sortie d’animaux vivants n’est autorisée. Encore une difficulté pour certains, sur un marché déjà en forte tension. De nombreuses entreprises, structures ou manifestations qui satellisent autour du monde de l’élevage seront également touchées (marchés, concours…).

Sans succomber à la panique, de nombreux éleveurs en périphérie de la ZR, prennent des mesures en commercialisant des animaux qui auraient dû bénéficier d’une belle arrière-saison d’herbage. Cet afflux n’a pas pour le moment d’effet négatif sur le marché, car les opérateurs doivent compenser le manque créé par le blocage des animaux en ZR.

Les cartes ont été rebattues, et sèment le doute sur un marché très ferme. Il n’y a pas de raison pour changer de tendance face à une demande qui reste forte et va devoir se serrer la ceinture. Les animaux de la ZR vont être vaccinés et devront être certainement soumis à de nouveaux accords bilatéraux avec nos partenaires européens à l’issue de cette crise.

La France est le premier pays exportateur de bovins vivants en Europe. Son statut DNCB est déjà un frein vis-à-vis du grand export.

On se croirait de retour en 2001 quand la vague de Fièvre aphteuse débarquait sur notre territoire. Les plus anciens se rappellent des contraintes et des multiples zonages qui ont fortement affecté l’élevage et entraîné l’abattage de quelque 50 000 bovins. La ferme France n’aura pas la capacité de se relever d’une nouvelle crise majeure.

L’ensemble des autorités sanitaires et professionnelles sont à pied d’œuvre et font tout leur possible, pour que cela n’arrive pas.

Heureusement, ces maladies ne sont pas transmissibles à l’homme.