Diagnostic prairial : La clé pour restaurer les prairies dégradées après 2024

Le diagnostic prairial est un outil indispensable, Il repose sur les objectifs de l’éleveur, le passé récent et les caractéristiques de la parcelle, et la flore présente.

Il faut observer de près sa prairie et également identifier les pratiques ayant mené à une potentielle dégradation de cette dernière. Tout cela dans le but de mettre en place des leviers d’amélioration adaptés au contexte », rappelle Carole Gigot, en introduction de l’après-midi technique à la Ferme expérimentale des Bordes, le 28 janvier dernier.

Quatre étapes clés

Première étape : exprimer ses besoins. « Cela peut être une augmentation de productivité, une augmentation de la qualité, l’obtention d’une herbe plus tôt au printemps ou en été, changer son mode d’exploitation de l’herbe… », énumère l’ingénieure régionale fourrage chez Arvalis. Face à ces besoins de l’éleveur, il est important de lister les contraintes qu’il peut rencontrer ou qu’il rencontre, à l’image des contraintes climatiques, le relief de la parcelle, sa teneur en cailloux, argile ou sable, les contraintes sol/eau, « c’est-à-dire si le sol est frais ou séchant en été, s’il est humide ou sain en hiver », précise-t-elle.

Seconde étape : retracer l’historique de la parcelle, « le but est de lister l’ensemble des interventions d’entretien qu’il y a eu, ainsi que les méthodes d’exploitation. Ces deux facteurs ont une forte influence sur l’état de la prairie », poursuit-elle.

Troisième étape : définir les caractéristiques de la parcelle. Ici, l’éleveur doit s’attacher à noter son type de sol, l’hydromorphie de la parcelle, la teneur en pH et en éléments fertilisants, le niveau de fertilité de cette dernière. Autant d’éléments qu'il peut retrouver sur son bilan analyse de sol.

Dernière étape du diagnostic prairial : observer la flore présente. On distingue généralement trois groupes de plantes : les graminées, les légumineuses et les plantes diverses bien souvent indésirables. Ces dernières donnent de nombreux indicateurs sur l’état de la prairie et sont révélatrices de problématiques de type fertilité du sol, texture du sol, état calcique, mode d’exploitation et du type d’animaux au pâturage. À chaque plante indicatrice, son levier. « Attention cependant, une même plante indicatrice peut être présente sur plusieurs problématiques. Le travail réalisé en amont combiné à cette observation de la flore va permettre de mettre en pratique les leviers adéquats. Par exemple, le plantain peut être présent en cas de sol compacté, mais également en cas de surpâturage. Dans ces cas-là, l’approche corrective n’est pas tout à fait la même. Dans le premier cas, il faut modifier le mode d’exploitation et envisager un travail du sol. Dans le second cas, la réflexion se portera sur la gestion du pâturage », illustre Carole Gigot.

"Toujours identifier la source de la dégradation pour éviter de repartir à zéro"

Des interventions au cas par cas

En fonction du taux d’espèces de bonne valeur fourragère et de la présence de trous ou d'espaces indésirables, les interventions à envisager sont différentes. Ainsi, si les espèces fourragères sont présentes en quantité suffisante avec peu de trous, une amélioration des pratiques peut suffire pour limiter la dégradation de la prairie.

En cas d'espèces à bonne valeur fourragère moyennement présentes et de pas mal de trous ou d'espaces indésirables, un sursemis peut être envisagé pour contrecarrer les espèces non désirables.

Enfin, si les trous et espaces indésirables sont prédominants dans la parcelle, la prairie doit être rénovée. « Mais il faut toujours identifier la source de la dégradation avant toute intervention pour éviter de repartir à zéro », insiste Carole Gigot.