Agneaux de Nouvelle-Zélande dans les supermarchés : la filière ovine se crispe

La Fédération nationale ovine (FNO) dénonce les « pratiques frauduleuses » de certaines enseignes de la grande distribution qui proposent de l’agneau de Nouvelle-Zélande tout en communicant autour de l’agneau français, dont la demande saisonnière a chuté en raison du confinement.

Tandis que « toute la branche professionnelle s'est accordée sur la nécessité, dans cette période de moindre consommation liée au confinement, de favoriser la production française » d'agneau, la FNO déplore dans un communiqué de presse du 6 avril des « situations très contrastées » dans les enseignes de grande distribution.

« Certaines enseignes jouent le jeu, elles mettent effectivement en avant l'agneau français en cohérence avec la campagne de communication » lancée le 2 avril par l'interprofession afin d'inciter les consommateurs à acheter et à cuisiner de l'agneau français. « D'autres, au contraire, ont des pratiques frauduleuses », dénonce la FNO.

« Elles profitent des moyens mis en œuvre pour valoriser l'agneau français et proposent en réalité dans les rayons de leurs établissements de l'agneau néozélandais vendu 2,5 fois moins cher que l'agneau français et dont les conditions de réfrigération, compte tenu de son éloignement géographique, sont contestables d'autant qu'elles ne font pas l'objet d'une explication transparente au consommateur », tance le syndicat.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont dénoncé, photo à l'appui, cette présence d'agneau néo-zélandais dans les étals des supermarchés.

Afin d'écouler les stocks d'agneaux néo-zélandais déjà établis par la grande distribution, la FNO avait proposé aux enseignes d'effectuer des « dons en nature » auprès des « restaurants des établissements hospitaliers, des Ehpad et des personnels de la fonction publique ». « Ces dons, outre l'intérêt économique lié à leur défiscalisation, auraient également permis aux enseignes d'exprimer leur solidarité », précise la FNO.

« C'est en période de crise que s'expriment les valeurs profondes propres à chacun. Ainsi nous savons aujourd'hui sur qui nous pouvons compter pour bâtir l'avenir de la filière ovine française », conclut la FNO.

Dans un communiqué publié le 3 avril, la FNSEA et les JA en appellent à l'Union européenne au sujet des importations : « nous ne comprendrions pas que les contingents d'importations de certains produits, comme l'aloyau de bœuf du Mercosur, l'agneau de Nouvelle-Zélande ou le sucre du Brésil, s'appliquent de façon identique et viennent alourdir les déséquilibres de marchés sur certaines denrées agricoles déjà très fragilisées », écrivent-ils.

« La réponse à cette crise globale doit être européenne : les outils existent, le règlement OCM offre plusieurs mécanismes que la Commission européenne peut activer en cas de déséquilibres graves de marché, indiquent les syndicats. Or c'est bien le cas de la situation actuelle qui remplit malheureusement tous les critères : elle n'était ni prévisible, ni intrinsèque au secteur agricole ».