L'agrément d'un abattoir ovin de l'Aveyron suspendu après une vidéo de L214

Le ministère de l'Agriculture a suspendu l'agrément de la chaîne ovine de l'abattoir de Rodez (Aveyron) en annonçant une "inspection complète" des installations, où des "sévices graves" aux animaux ont été dénoncés par l'association de défense des animaux L214.

"Une vidéo publiée ce jour met en cause les conditions de mise à mort des agneaux à l'abattoir de Rodez. Elle montre des pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale", indique le ministère dans un communiqué le 24 juin. "Par conséquent, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume, a demandé, ce jour, au préfet de l'Aveyron la suspension immédiate de l'agrément de la chaîne ovine de cet abattoir", est-il indiqué.    

Selon L214, cet abattoir présente de "graves problèmes structurels et des pratiques d'abattage grandement déficientes". L'association dénonce les mauvaises pratiques d'électrocution, les électrodes étant "souvent placées sur le cou et non sur la tête des animaux". Sur la vidéo publiée par l'association, on voit notamment des agneaux égorgés debout, encore conscients, à une cadence rapide. Selon L214, les images ont été tournées en février 2020.

L'association a annoncé porter plainte auprès du procureur de la République de Rodez pour "sévices graves envers des animaux et demande de fermeture d'urgence de l'abattoir". En 2016, les services vétérinaires avaient déjà constaté des "non-conformités majeures" pour l'étourdissement et la mise à mort des ovins dans cet abattoir.  

Condamner les dysfonctionnements

"Une inspection complète de l'abattoir est programmée ce jour par les services de l'Etat. Les conclusions de cette inspection devront permettre de déterminer quelles suites doivent être données", a indiqué le ministère.  

Une décision saluée par Interbev, l'interprofession bétail et viande : "Si l'enquête administrative confirmait un ou plusieurs manquements aux réglementations en vigueur, Interbev se constituera partie civile contre l'opérateur en réponse aux préjudices subis par la filière Elevage et Viande", fait savoir l'interprofession dans un communiqué.

Interviewé sur CNews, le député LREM de la Creuse et éleveur Jean-Baptiste Moreau a réagi : "il faut traquer et condamner sévèrement les dysfonctionnements, mais on n'a pas attendu L214 pour fermer les abattoirs où il y a des mauvais traitements. Beaucoup de choses ont été faites ces vingt dernières années sur le bien-être animal", a-t-il rappelé.

"J'ai été président d'un abattoir, j'avais 30 salariés et 7 vétérinaires qui étaient des fonctionnaires d'Etat qui contrôlent le travail des ouvriers. Laisser penser que ces images sont une généralité c'est honteux", a-t-il déclaré.

La filière roquefort interpellée

En plus des conditions d'abattage, L214 dénonce les conditions d'élevage des agneaux issus de la filière roquefort et partant à l'engraissement. L'association demande à la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de roquefort la "modification du cahier des charges de l'appellation d'origine "roquefort". "Actuellement rien n'est exigé pour les agneaux, constate l'association. Comme c'est le cas pour les brebis, il devrait être interdit d'enfermer les agneaux toute leur vie".  

La Confédération a répondu que "le bien-être animal est au cœur du cahier des charges de la filière roquefort au travers de multiples critères comme le pâturage, la place en bergerie, l'autonomie alimentaire". Mais "l'élevage des agneaux issus du bassin laitier, constitue une filière à part entière, indépendante", ajoute la Confédération. Aussi "si L214 met au jour des pratiques inacceptables, la filière roquefort saura le cas échéant prendre position", insiste-t-elle.