Le vêlage (1/3). Intervenir… mais pas trop !

Un veau en pleine forme => L’obtention d’un veau viable et capable de vivre sans aide le plus rapidement possible représente une priorité. Cela demande un suivi adéquat du vêlage, des soins au nouveau-né et une gestion de l’après-vêlage.

Nous vous proposons de faire un point sur le vêlage et ses conséquences en trois étapes. Tout d'abord, le déroulé normal d'un vêlage est l'objet de cet article (1/3). Le suivant (2/3) fait un point sur les situations anormales et leurs gestions. Enfin, le dernier (3/3) aborde l'impact d'un vêlage difficile sur le veau nouveau-né et les soins particuliers à lui apporter.

Le vêlage, un facteur déterminant de la productivité numérique

La productivité numérique est sous la dépendance de causes multiples. Cinq domaines de risque peuvent être définis : l'alimentation, les bâtiments, la relation mère/veau, la gestion du troupeau, le statut immunitaire. Le vêlage, son déroulement, les soins aux veaux sont les éléments constitutifs du domaine de risque « relation mère/veau ». Il occupe une place prépondérante sur la productivité numérique par ses impacts à court et moyen termes sur ses composantes : taux de gestation, intervalle vêlage-vêlage (IVV) et taux de mortalité veaux. Un vêlage difficile (césarienne, extraction forcée) se traduit par des pertes directes sur les produits (mortalité des veaux multipliée par cinq) ou indirectes sur la mère (production diminuée, taux de réforme deux à trois fois plus élevé, allongement du délai de mise à la reproduction et fertilité plus faible). Toute intervention, même minime, entraîne un allongement de l'IVV de 10 à 40 jours suivant les conditions de naissance.

Le vêlage, une surveillance maximale, une intervention minimale...

La grande majorité des vêlages se déroule sans assistance. Lorsque des problématiques surviennent à la vache et/ou à son ou ses veaux, le vêlage est dit anormal ou dystocique. Il convient donc de repérer ces situations... mais sans être trop interventionniste ! On fera en sorte que le vêlage se passe bien, d'une part, pour la vache en limitant les risques de blessures de l'appareil génital pendant le vêlage, de métrites ultérieures et, d'autre part, pour le veau en limitant les mortinatalités et les phénomènes d'anoxie (insuffisance d'oxygénation). Cela implique de suivre quelques règles de conduite de base.

... mettre la vache dans un environnement tranquille et observer sans déranger...

Le relâchement des ligaments sacro-sciatiques et de la queue, la plénitude mammaire, la tuméfaction de la vulve et l'écoulement du mucus cervical apparaissent dans les 24 à 72 heures précédant le vêlage. La température corporelle normale de la vache se situe entre 38,5°C et 39,2°C, elle s'élève les 3 à 5 jours avant le vêlage et diminue le jour du vêlage. A l'approche du vêlage, la vache recherche un endroit calme, elle présente une attitude particulière : couchers et relevés répétés, torsions, de l'abdomen, soulèvements de la queue. L'expulsion de la poche des eaux signe une expulsion du veau dans les 2 à 6 heures. Tout facteur de stress va perturber la mise-bas : préparation insuffisante, non-dilation de col, utérus atone. Cela va influencer le post-vêlage avec une dégradation de la production lactée, de l'involution utérine et de la reprise de la fonction cyclique ovarienne. Dès les signes prémonitoires du vêlage, une attention particulière est à apporter avec une surveillance renforcée sans déranger l'animal. Un local ou box de vêlage permet d'isoler la vache. Il sera suffisamment grand (surface minimale de 15 m² et pas de côté inférieur à 3 m), paillé, éclairé, bien ventilé, strictement réservé aux vêlages et soigneusement nettoyé.

... en pouvant s'appuyer sur des outils d'aide à la surveillance...

Les outils d'aide à la détection des vêlages sont basés sur la mesure des modifications physiques concomitantes à l'expulsion du veau (température vaginale, position de la queue) ou des contractions musculaires abdominales avant et pendant le vêlage. La sensibilité, la spécificité et la valeur prédictive positive de détection sont à prendre en compte. Or, certains outils n'ont pas d'études sur ces éléments. Sont également à considérer la solidité, le coût (un capteur par animal, d'où un coût pouvant être élevé lors de vêlages groupés) et la facilité d'utilisation. Or, ces outils demandent la manipulation des vaches avant la date supposée du vêlage pour leur mise en place. La vidéosurveillance permet une surveillance à distance sans manipulation des vaches pour installer un capteur mais nécessite une observation régulière. Attention, les vêlages dystociques et la nécessité d'intervenir ne sont pas prédits par ces outils.

... n'intervenir qu'en cas de nécessité...

Si la vache présente des coliques depuis plus de deux heures sans évolution, si la phase de dilatation dure plus de six heures ou la phase d'expulsion plus de trois heures, une exploration sera effectuée. Elle sera réalisée avec propreté, douceur et méthode sur une vache debout et débouchera sur une décision d'attente, d'intervention ou d'appel du vétérinaire. L'accouchement est de longue durée chez la vache, principalement chez les primipares et les sujets âgés. La séparation des cotylédons maternels d'avec les cotylédons fœtaux s'opère assez lentement permettant des échanges circulatoires fœto-maternels jusqu'au moment de la sortie. Ceci explique qu'un temps d'accouchement prolongé interfère peu sur la survie du produit. Le cordon ombilical se rompt lui-même dès que le veau a complètement franchi l'ouverture vulvaire.

... intervenir alors avec célérité...

Lors de décision d'intervention, elle doit déboucher rapidement sur la naissance du veau. Si le veau est ou peut être rapidement mis en position normale et les tests de traction favorables (avec la traction de 2 personnes, pouvoir engager simultanément dans le bassin la tête et les 2 membres antérieurs), l'extraction peut être entreprise. Une aide mécanique est parfois indispensable. Les vêleuses permettent d'exercer une force de traction pouvant s'élever jusqu'à 450 kg contre 70 kg pour les contractions de la vache. Dans toutes les autres situations, il sera fait appel au vétérinaire.

... s'occuper de la mère dès la fin du vêlage

Le vêlage a débuté sur une vache debout. L'après vêlage doit se réaliser de même. Si la vache s'est couchée au cours du vêlage, on procédera à son relevé. Une fois la vache debout, il sera observé l'éventuelle présence d'hémorragie qui nécessite un pincement immédiat avec les doigts et un appel urgent du vétérinaire. Une exploration vaginale et utérine sera effectuée pour vérifier l'absence de lésions et l'éventuelle présence d'un second veau notamment si le premier est de petit format.

Des « dystocies » variées aux conséquences notables

« Dystocie » signifie textuellement naissance difficile. Il s'agit de tout vêlage qui a ou aurait nécessité une intervention extérieure. Les conséquences des dystocies sont, pour la mère, une mortalité, une douleur, une stérilité et des maladies puerpérales augmentées et, pour le veau, des risques d'anoxie, une augmentation des taux de mortalité et de morbidité néonatale. C'est que je vous propose d'aborder dans les 2 articles suivants.