Copsolfruit (83) : mi-figue... mi-figue

Vitaminée à l’AOP Figue de Solliès, la coopérative varoise parvient à déjouer deux handicaps que sont la pyramide des âges et la pression foncière. Les vergers se développent tandis que se profile, après la figue de bouche, une seconde AOP distinguant la figue transformée.

« Dans les deux ans qui ont suivi l'obtention de l'AOC Figue de Solliès, le prix payé au producteur a doublé et depuis, la valorisation de notre figue demeure largement au-dessus du panier ». Cyril Kointz n'a pas besoin de faire long pour résumer la recette de la figue de Solliès, du nom de la bourgade varoise (Solliès-Pont exactement) où siège la coopérative Copsolfruit depuis sa création en 1961. L'animateur qualiticien partage son temps entre la coopérative et le syndicat de défense de la Figue de Solliès, à l'origine de l'AOC décrochée en 2006 avant l'AOP en 2011. Actuellement, la production est déployée sur 110 ha auxquels s'ajoutent 20 ha hors AOP. Avec une production globale de 1000 t/an dont 500 t en AOP, la Copsolfruit assure environ 60 % de la production nationale de figue, ce qui permet à Solliès-Pont de s'ériger en capitale de la figue.

100 % figue

Le fruit fait surtout le bonheur des 90 adhérents actifs de la coopérative. Même si le mi-figue mi-raisin, au plan parcellaire, est de rigueur dans certaines exploitations, la Figue de Solliès fait mentir l'expression au plan économique. « Il est possible de travailler et de vivre décemment sur un verger de 3 ha », déclare le technicien. « Une dizaine d'adhérents de la coopérative est du reste spécialisée dans cette seule et unique production ». La coopérative est elle-même hyper spécialisée, la figue concentrant 95 % de son activité, aux côtés du maraichage (blette, fenouil...). L'activité de la coopérative se cantonne à l'encadrement des producteurs, à la réception, au tri, au conditionnement et à la commercialisation des figues de bouche. Sans oublier la promotion avec notamment une présence au Salon de l'agriculture. Elle maîtrise également le process de conservation (par surgélation) des figues en sur-maturité, qui seront ensuite commercialisées auprès de transformateurs. Pour mieux valoriser les figues destinées à la transformation, qui représentent environ 30 % de la production, le syndicat de défense a déposé il y a quelques années un dossier d'obtention d'AOP, lequel pourrait aboutir d'ici à 2020. Il permettra d'apposer la mention « élaboré à partir de figue de Solliès AOP » sur les pots de confiture et autres sorbets.

L'AOP, l'arme anti-déprise et anti-déprime

De quoi prévenir les risques de déconfiture. Une situation avec laquelle la coopérative a flirté au milieu des années 1990, lorsqu'elle subissait de plein fouet la concurrence étrangère, avant que le charme de l'AOP n'opère. En 2018, la production française reste microscopique au regard des tonnages produits au Proche-Orient et au Maghreb mais la figue de Solliès s'en « contre-figue » : c'est elle que les consommateurs français réclament. « L'AOP a complètement changé la trajectoire de la figue de Solliès », analyse Cyril Kointz. « Avant l'AOP, des exploitations vieillissantes peinaient à transmettre leurs vergers, ce qui les rendaient très sensibles à la pression foncière particulièrement forte dans l'arrière-pays de l'agglomération toulonnaise. Grâce à la rentabilité retrouvée, des jeunes s'installent et la coopérative voit le nombre d'adhérents s'accroître ». Une belle récompense pour Copsolfruit et qui n'empêche pas des producteurs indépendants de jouer leur propre carte en bonne intelligence au sein de l'AOP.

Extension du verger

En dépit de ses vertus, la figue de Solliès n'a pas la capacité à déjouer totalement l'extension du bitume et du béton, même si, soit dit en passant, le système racinaire du figuier a une forte propension à coloniser les surfaces artificialisées. Malgré la rareté et la cherté du foncier, la figue cimente les adhérents de la coop. « Copsolfruit supervise un programme de plantation, qui devrait porter la surface à 150 ha d'ici à 2022 », déclare Cyril Kointz. « De nouveaux et jeunes producteurs vont s'installer tandis que des adhérents déjà en place produiront davantage. Ce développement va nous permettre de conforter notre filière ainsi que les 20 équivalents temps plein de la coopérative. Nous atteindrons alors les capacités limites de nos infrastructures de tri et de conservation ». Au point de devoir repousser les murs dans un verger ?