Transmission : qui sont les jeunes agriculteurs ?

Quels sont aujourd’hui les profils des jeunes agriculteurs ? La traditionnelle transmission de père en fils est-elle toujours d’actualité ? Féminisation, formations théoriques plus poussées que par le passé, arrivée de nouveaux candidats sans héritage paysan… Zoom sur ces nouvelles générations qui font bouger les lignes.

Les cédants ont peu de difficulté à trouver preneur pour le foncier car la bataille est toujours intense pour prendre possession des terres cultivables ou des prairies. Par contre, certains corps de ferme avec des bâtiments peu fonctionnels ou mal localisés, un matériel âgé ou inadapté à la future activité agricole trouvent plus difficilement preneur. Ainsi, les actifs de la ferme ne sont généralement plus transférés en totalité et on constate souvent une perte pour les futurs retraités. Pourtant, si aujourd'hui on compte plus de départs en retraite que de reprises, la dynamique d'installation ne se dément pas. Et cela en dépit des messages souvent négatifs véhiculés par les agriculteurs en activité qui brossent souvent un tableau sombre du métier. Alors, qui sont ces nouveaux agriculteurs ?

Montée en puissance des installations "hors cadre familial"

Selon la MSA, plus de 14 000 installations ont été constatées en 2016 dont 30 % de candidates femmes. Mais ces jeunes (ou moins jeunes) agriculteurs ont des profils et des objectifs extrêmement diversifiés. Il semble bien que ces nouvelles générations vont exercer un métier avec des vues différentes de leurs aînés.

La raison principale est l'origine des candidats, notamment la vitalité des installations hors cadre familial, avec des candidats nombreux, non issus du milieu agricole ou dont les parents ne sont pas agriculteurs.

Les installations aidées (projets portés majoritairement par des fils ou filles d'agriculteurs) ne représentent plus qu'un tiers des installations, soit 4 577 en 2017. Ils ont obtenu en moyenne 27 000 € d'aides diverses à l'installation. Près de 60 % d'entre eux exercent leur métier sous forme sociétaire (GAEC ou EARL). Ils intègrent des exploitations de grande taille, où la problématique de la main-d'œuvre deviendra cruciale, mais surtout des exploitations sociétaires qui ont capitalisé sur deux ou trois générations et dont la valeur des actifs devient difficilement monnayable, même dans le cadre d'une succession familiale.

A contrario, les hors cadres familiaux apportent un sang frais dans le métier, d'autant que ces derniers doivent être plus imaginatifs, moins conventionnels dans la structure des fermes et des productions qu'ils vont reprendre. En effet, ils ne bénéficient pas d'un accès aussi direct aux moyens d'exploitation et aux réseaux et soutiens que vont apporter les cédants à leurs descendants directs. L'installation, pour eux, peut se faire progressivement, en exerçant une autre activité professionnelle pour assurer les fins de mois. Ils sont 32 % dans ce cas.

De nouvelles générations mieux formées

Tous ces nouveaux agriculteurs possèdent un bagage théorique et des formations de base de très bon niveau, ce qui les différencie des cédants. Toutefois, ils devront se "faire la main" comme les anciens dans un métier où les connaissances tacites sont souvent plus importantes que les connaissances théoriques. L'expérience terrain des cédants est certainement l'actif le plus important que ces jeunes agriculteurs doivent acquérir rapidement, sous peine de ne pouvoir pérenniser leur place dans le monde agricole.

Article de la revue "Gérer pour Gagner" jacques Mathé, Economiste

1/6