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Lucie et Romain, faiseurs de vins et de spectacles
Série d’été : « Cultiver l’engagement » (1/6). Cet été, Pleinchamp part à la rencontre d’agriculteurs et d’agricultrices qui cultivent le sens du collectif, l’attachement au territoire, ou encore la tradition de solidarité et d’ouverture. Vignerons en Pays nantais, Lucie et Romain Couillaud sont engagés au sein de l’association Transmission, qui propose des spectacles son et lumière historiques chaque fin d’été. Cet engagement constitue une part importante de leur vie, et, jusqu’à présent, ils ont toujours réussi à concilier leur activité agricole et leur investissement associatif.
Frère et sœur, Romain et Lucie Couillaud sont à la tête du domaine viticole de la Potardière, au Loroux-Bottereau (Loire-Atlantique). Avec deux salariés, ils produisent du Muscadet et des vins IGP sur une exploitation certifiée Haute valeur environnementale de 27 ha, située à la lisière du marais de Goulaine.
Un retour choisi sur le domaine familial
Diplômés de l’enseignement supérieur (ingénieur pour Romain, master pour Lucie), tous deux ont choisi de revenir sur le domaine familial. Avant de s’installer, Romain a été enseignant en viticulture (il a d’ailleurs cumulé les deux fonctions, agriculteur et enseignant pendant une dizaine d’années). Lucie quant à elle, l’a rejoint en 2023, après une première carrière dans l’industrie agroalimentaire puis en coopérative agricole.
« Nous sommes la 5e génération d’agriculteurs sur ce site », expliquent Lucie et Romain, très attachés et investis dans leur domaine familial. Mais tous deux ont un autre engagement commun : ils sont bénévoles au sein de Transmission, une association basée à Trans-sur-Erdre (44), qui, depuis une cinquantaine d’années, propose des spectacles son et lumière historiques, rassemblant plusieurs centaines de figurants bénévoles.
Au moins un samedi par mois (voire plus)
Au sein de Transmission, Lucie et Romain ne sont pas que figurants, loin de là. Tous deux sont membres du conseil d’administration, et exercent des responsabilités dans plusieurs commissions qui se réunissent régulièrement : animation, communication, hygiène et sécurité, technique....
Les spectacles son et lumière, qui se tiennent chaque fin d’été, sont la partie « émergée » de l’iceberg de Transmission. L’association, qui compte aujourd’hui plus de 400 membres, est active toute l’année, et a besoin de nombreuses personnes pour la construction des décors, l’entretien des bâtiments, des espaces verts, des véhicules, des costumes…
« Au moins un samedi par mois, on fait notre STO, service de travail obligatoire, pour l’association », s’amuse Romain, en référence au thème du spectacle proposé depuis 2015 et qui le sera encore en 2025 : « Dans la nuit, liberté », évoque la résistance durant l’occupation allemande, et en particulier la résistance locale puisque Trans-sur-Erdre n’est pas située bien loin du maquis de Saffré. « C’est un spectacle très bien écrit, basé sur des faits réels, qui ne fait pas de simplification. Et ça résonne aussi avec les conflits actuels ».
« Quand on rentre dans l’association, on n’a plus envie d’en sortir »
Mais même si Romain parle de STO, en réalité, son investissement, comme celui de Lucie, n’a rien d’une corvée : « Aujourd’hui, ça fait partie de notre vie. Quand on rentre dans l’association, on n’a plus envie d’en sortir », décrit Lucie, qui, comme son frère, a commencé durant ses années de lycée. Michel Monnier, le fondateur de Transmission, a en effet longtemps enseigné dans le lycée agricole de Briacé, où tous deux ont fait leurs études.
Les membres de l’association sont toutefois loin de se limiter aux « anciens élèves » de Briacé. « Il y a des gens qui viennent de tous les milieux, de tous les âges. Beaucoup d’entre eux s’impliquent sans compter leur temps. L’ambiance est excellente, l’association, c’est un peu notre deuxième famille ». Au sens littéral du terme d’ailleurs, puisque Lucie y a rencontré son mari, et que leur bébé, depuis l’an dernier, est devenu l’un des plus jeunes figurants du spectacle.
« C’est très formateur »
Lucie et Romain donnent beaucoup d’eux-mêmes à l’association, mais ils estiment aussi recevoir beaucoup. « C’est très formateur, on a tous des compétences complémentaires et on se crée un très grand réseau », décrit Lucie. « On apprend à se débrouiller avec pas grand-chose, à s’organiser… C’est utile dans notre métier, où, par exemple, on ne craint plus d’organiser des portes ouvertes, d’accueillir du public… »
« Si on doit faire un pot au feu pour 300 personnes, on ne voit pas de difficulté, on fera des équipes, des ateliers », poursuit Lucie. « J’ai appris que rien n’est impossible », estime Romain, « on a quand même fait des trucs un peu fous comme démonter le toit d’un ancien supermarché pour en faire notre guinguette… ».
En caravane le temps des répétitions et du spectacle
Lucie et Romain s’investissent tout au long de l’année, mais le point d’orgue de la vie de l’association, c’est la fin de l’été et les représentations du spectacle. « Ça, ce sont nos vacances ! », s’amuse Lucie. « C’est notre rendez-vous de l’été depuis toujours ».
« On a une semaine de répétition et trois week-ends avec trois représentations. Sur ces temps-là, on vit dans une caravane qu’on a installée sur place », poursuit la jeune maman. Au cours des 2 h 20 que dure le spectacle, elle ne joue pas moins de 6 rôles différents (dont celui d’une mariée et d’une maman). Romain en fait tout autant, et il est particulièrement précieux, puisqu’il a notamment en charge la mise en route de la batteuse.
Les machines de récoltes, justement, risquent fort d’être en action au même moment sur le domaine viticole, puisque les vendanges se produisent de plus en plus tôt avec le réchauffement climatique. « Avant, on enchaînait spectacle puis vendanges, mais, aujourd’hui, ce sera peut-être en même temps ». Romain risque donc de faire des allers et retours entre les vignes et la scène : pas question de sacrifier l’un ou l’autre… « Je vais sûrement manquer de sommeil ! ».
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