Le blé français, le plus compétitif sur le marché mondial

Face aux poids lourds que sont la Russie ou l’Ukraine, la France arrive pour l’instant à tirer son épingle du jeu pour exporter son blé, confirmant sa forte compétitivité sur le marché international.

« La campagne d'exportation de blé français démarre de manière dynamique », a fait savoir Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre de FranceAgriMer, lors d'un point presse mercredi 13 novembre. Et pour cause : le blé français est actuellement le moins cher sur le marché mondial. Ainsi en moyenne sur le mois d'octobre, le blé meunier français Fob Rouen était à 196 $/t contre 202 $/t pour le blé d'origine Mer Noire. Cette forte compétitivité des blés français à l'exportation est pour M. Zribi « le fait marquant de cette première partie de campagne ». Sur les 39,5 millions de tonnes (Mt) de blé tendre produites en France cette année, plus de la moitié (20,6 Mt) devraient être exportées, selon FranceAgriMer, dont 8,4 Mt à destination des autres pays de l'Union européenne et 12 Mt vers les pays tiers. 

Autre fait marquant de ce début de campagne : la forte présence de la France sur les appels d'offre égyptiens. A ce stade, sept bateaux de blé français (420 000 tonnes) ont déjà été livrés à l'Egypte, contre zéro l'an dernier à la même période. Une situation qui témoigne de la bonne compétitivité des blés français sur la scène internationale. En effet, « on considère habituellement que les appels d'offre du Gasc (l'autorité publique d'achat égyptienne, NDLR) sont un reflet significatif de l'évolution des marchés internationaux du blé tendre », a indiqué M. Zribi. 

Taux de change à surveiller

L'origine France bénéficie également de la hausse du taux de change entre le dollar et les monnaies de la Mer Noire. Ainsi, le taux de change de la hryvnia ukrainienne face aux dollar a grimpé de 15% sur un an et celui du rouble russe de 2,3%, pénalisant les exportations de ces deux pays.

En revanche, « ce qui est susceptible de faire la différence pour les acheteurs (notamment égyptiens ou indonésiens) est le coût du fret, qui est pour l'instant plus favorable aux origines Mer Noire, pour des raisons de proximité géographique, selon M. Zribi. Un écart de 1 ou 2 dollars sur le prix final acheteur, imputable au coût du fret, va parfois faire la différence en faveur de la Russie, de l'Ukraine, voire de la Roumanie ».

L'Ukraine a démarré sa campagne d'exportation sur les chapeaux de roues. Le pays a déjà réalisé à fin octobre plus de 60% de sa prévision d'exportation totale de blé qui devrait être de 19,5 Mt sur une production de 28,5 Mt. Il en est de même pour l'orge, « qui ne devrait plus avoir qu'une présence résiduelle sur les marchés à partir du mois de décembre », a précisé M. Zribi. Le pays est aussi un sérieux concurrent pour le maïs français, avec une production prévue à 35 Mt et un objectif d'exportation de 26 Mt.

Incertitudes en Russie

Du côté de la Russie, les exportations ont à l'inverse pris du retard par rapport à la campagne précédente et sont réalisées à 45% sur un objectif de 33 millions de tonnes d'exportation. Mais cet objectif pourrait être revu à la hausse par les opérateurs, qui sont dans l'incertitude concernant le comportement des vendeurs russes. « La question que l'on peut se poser, c'est s'il y aura des comportements spéculatifs par les opérateurs en attente de conditions de marché plus favorables à l'exportation des blés russes », a fait savoir M. Zribi, en expliquant que les producteurs russes pourraient être tentés de faire de la rétention étant donné que les prix du blé étaient élevés à l'intérieur du pays.