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Les betteraves françaises plus que jamais sous la pression des pucerons
Un hiver sans gel, un printemps très chaud : résultat, les pucerons verts pullulent dans les feuilles des betteraves et menacent les rendements des planteurs français, déjà douchés par des marchés du sucre et de l'éthanol qui font grise mine.
"L'année dernière a été une année de pression moyenne en pucerons. On avait eu quand même du gel en hiver et un printemps qui n'était pas particulièrement chaud, et donc on avait constaté des attaques de pucerons, mais seulement un mois après les semis", explique Nicolas Rialland, directeur environnement et affaires publiques de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). "Cette année, c'est une configuration différente, on a eu très peu de gelées, et puis on a eu un printemps très, très chaud. On a donc constaté la présence de pucerons très, très tôt et en très grand nombre", remarque M. Rialland.
Dès la mi-avril, dans nombre de parcelles, la présence de pucerons verts a été constatée, presque immanquablement vecteurs de la jaunisse virale : cette maladie, dont les planteurs ne constatent réellement les dégâts que fin juin ou début juillet, se manifeste par un jaunissement du feuillage. "Ça va quasiment stopper la croissance de la betterave, donc celles qui sont touchées seront des betteraves naines. Dans les cas les plus extrêmes, ça peut aboutir à des perte des rendements pouvant atteindre 50%, donc économiquement c'est un désastre", explique M. Rialland. "Déjà qu'on est dans une situation où les marchés ne sont pas très porteurs... Si en plus, vous êtes pénalisés sur le rendement, vous êtes sûr de perdre de l'argent", déplore-t-il.
Une menace qui pouvait être auparavant contrée grâce aux néonicotinoïdes, interdits de tout usage phytosanitaire en septembre 2018. Une ré-autorisation de ces produits n'est pas à l'ordre du jour, au grand dam des betteraviers, qui ont néanmoins obtenu cette année le feu vert pour appliquer un des traitements encore autorisés de manière plus précoce.
"La décision la plus sage serait de ré-autoriser pendant deux, trois ans les néonicotinoïdes, pour faire le lien avec le moment où on sera capable de trouver les molécules qui conviennent" (pour les remplacer), déclare Alain Commissaire, directeur général du sucrier Cristal Union, très remonté en raison de conditions de culture "déplorables". "On arrive à la limite de ce qui nous est autorisé et on n'a pas vaincu la maladie dans les plantes", selon M. Commissaire qui craint une réduction significative des surfaces de betteraves dès l'année prochaine.
"Sur les 19 pays européens où la betterave est encore cultivée, 12 pays ont encore la possibilité d'utiliser ces néonicotinoides en enrobage", conclut M. Rialland, déplorant une "distorsion de concurrence".