Pomme de terre : des prix relativement bas pour l’industrie sur le marché français

Point sur le marché de la Pomme de terre par Thierry Lemaître, Responsable Conseil au Cerfrance Champagne Nord Est Ile-de-France : Stabilité du marché en 2019 malgré une année compliquée

Rendements contrastés

La sécheresse, plus ou moins sévère selon les régions, conduit à des écarts de prévisions de rendement particulièrement importants. Le rendement final serait compris entre 40 et 50 t/ha selon les régions, avec des extrêmes compris entre 20 et 75 t/ha entre producteurs. Une fois de plus l'impact moyen de l'irrigation est important et s'évalue cette année aux alentours de 10 t/ha. La production nationale de pommes de terre de conservation avoisinerait 6,5 Mt, en augmentation de 700 000 tonnes par rapport à l'an passé, retrouvant quasiment le niveau de 2017, situé dans la moyenne quinquennale. Le NEPG (North-Western European Potato Growers) évalue la production de ses pays membres (France, Allemagne, Grande Bretagne, Pays-Bas et Belgique) aux alentours de 27 Mt, soit 3 % de plus que la moyenne sur 5 ans et surtout 12 % de plus qu'en 2018. Mais cette estimation, basée sur les prélèvements, doit être confirmée par les arrachages

Des prix relativement bas pour l'industrie sur le marché français

Cette disponibilité conduit à maintenir les cours à 100-120 €/t pour les pommes de terre destinées à l'industrie, 180 à 250 €/t pour les variétés traditionnelles en frais et 300 à 450 €/t en chair ferme. Rien à voir donc avec le début de campagne de l'année dernière, surtout en pommes de terre industrielles car les transformateurs peuvent s'approvisionner dans les pays voisins pour pallier momentanément l'absence de disponibilités due aux difficultés d'arrachage.

Le marché du frais est bien orienté

Le marché du frais, quant à lui, reste relativement stable avec des prix fermes, mais situés dans une large fourchette suivant les variétés. Cela s'explique par des disponibilités correspondant sensiblement au marché et des conditions d'arrachage perturbées par les pluies. À cette époque de l'année, beaucoup de producteurs sont occupés aux travaux des champs et peu enclins à commercialiser

Deux motifs d'inquiétude pour les stockages

Les conditions de sécheresse et de chaleur de cet été ont entraîné des taux de matière sèche très élevés des tubercules, les rendant particulièrement sensibles aux chocs, notamment en industrie. Les producteurs sont amenés à prendre beaucoup de précaution lors des arrachages et de la mise en stockage sans pour autant être totalement à l'abri de réfactions voire de refus lors des futures livraisons. L'autre préoccupation de la filière est le retrait de l'antigerminatif CIPC (chlorprophame) après cette campagne 2019-2020. Sans aménagement de la réglementation sur les LMR (limite maximale de résidus), peu de bâtiments actuels de stockage seraient encore utilisables d'une part et les solutions alternatives (beaucoup plus chères) ne seraient pas aussi performantes d'autre part. Il faut signaler au passage que nos partenaires européens les plus concernés ont déjà obtenu cet assouplissement

Précisions sur la réglementation des antigerminatifs :

Tous les pays de l'Union Européenne concernés ont pratiqué un lobbying pour permettre un aménagement de la réglementation concernant le CIPC. Aujourd'hui, les représentants français de la filière Pommes de terre ont obtenu l'harmonisation à l'échelon européen des modalités de suppression du CIPC, de telle sorte que tous les producteurs européens soient sur un même pied d'égalité.

Nouvelle année catastrophique en fécule

Il faut s'attendre une fois encore à une très mauvaise année pour la production de pommes de terre de fécule avec un rendement moyen d'environ 40 t/ha à 17, et, là encore, de fortes disparités. La filière traverse une période compliquée : la moyenne quinquennale est descendue de 52,5 t/ ha en 2010-2014 à 42,5 t/ha pour la période 2015-2019.