Grippe aviaire : 226 communes dépeuplées, jusqu’à 1,3 millions de volailles abattues

La décision concerne trois départements du Sud-Ouest. La création de vide sanitaire étalé sur trois semaines est susceptible d’épargner les élevages sains et leurs animaux en fin de bande. Une enquête épidémiologique est en cours afin d’objectiver les causes de cette nouvelle épidémie, que les nouvelles règles de biosécurité et la dédensification des élevages de canards n’ont pas permis d’éviter.

Le ministère de l’Agriculture a décidé de mettre en place un vide sanitaire dans tous les élevages de volailles et de palmipèdes au sein d’une zone comptant 226 communes aux confins des Landes (161 communes), du Gers (39 communes) et des Pyrénées-Atlantiques (26 communes). « La stratégie de dépeuplement a été décidée de façon consensuelle pour assainir la zone, éviter l’extension de l’épidémie et permettre aux éleveurs de remettre en place leur production le plus vite possible », explique le ministère.

Les premiers acomptes déjà versés

Après un premier élevage détecté le 16 décembre dans les Landes, la situation épidémique est toujours évolutive. En date du 20 janvier, le ministère fait état de 231 foyers identifiés en élevage (dont 166 dans les Landes) contre 151 une semaine plus tôt. Le dépeuplement concerne un peu plus de 230 élevages de palmipèdes, le nombre d’élevages de gallus n’a pas été précisé. Au total, 1,3 millions de volailles devraient être abattues sur un laps de temps de trois semaines, s’ajoutant aux 1,2 millions déjà abattues depuis le début de la crise. « Dans la zone concernée, les animaux en fin de bande issus d’élevage sains seront valorisés autant que possible », précise le ministère. Les 1,3 millions de volailles constituent donc un maximum.

Le ministère a réactivé les mécanismes d’indemnisation mis en œuvre l’an passé et assure que le versement des premiers acomptes s’est déjà opéré chez les éleveurs atteints en décembre, sinon en novembre, le premier cas de la saison, en élevage, ayant été détecté dans le Nord le 26 novembre. En revanche, l’Etat n’a pas encore versé le solde des indemnisations dues aux éleveurs touchés l’an passé, et pas encore indemnisé l’aval. Le débours actuel s’élève à 88 millions d’euros pour la campagne passée.

Enquête épidémiologique en cours

Reste à comprendre pourquoi l’influenza aviaire est aussi virulente cette année, malgré le renforcement des dispositifs de surveillance et des règles de biosécurité imposées aux éleveurs. « Des scientifiques et des vétérinaires sont sur le terrain depuis le début de l’année pour analyser objectiver les raisons de la diffusion dans le Sud-Ouest, fait savoir le ministère. Le temps de l’analyse épidémiologique n’est pas le temps de la gestion de crise ».

Le ministère évoque un virus H5N1 à la fois très présent dans l’environnement et différent de celui de l’an passé, qui avait affecté à 90% les palmipèdes contre 10% les gallus, contre un ratio 60/40 cette année. Le ministère cite aussi les liens épidémiologiques entre élevages « par l’air, les matériels, les activités humaines, les échanges entre élevages ». Il relève cependant que la diffusion est moins rapide que l’an passé, décelant en cela « les effets des règles de la biosécurité et la réactivité des services de l’Etat ».

Il faut également ajouter les mesures de densification décrétées par la profession dans la zone critique, et qui, selon une estimation du ministère, se traduirait par une baisse de 25% des effectifs de canards, sous l’effet des réductions surnuméraires dans certains élevages et d’un vide sanitaire porté de deux à trois semaines.

Renforcer la biosécurité, expérimenter la vaccination

Le ministère indique que les enquêtes en cours « ne mettent pas en cause un schéma de production plutôt qu’un autre ». Et si les conclusions sont encore largement prématurées, il évoque parmi les pistes « une amélioration des mesures de biosécurité », se satisfaisant de leur bonne application par les éleveurs. « On compte presque sur les doigts des deux mains les éleveurs qui ne se sont pas conformés aux règles », précise le ministère, qui avait diligenté des contrôles sitôt l’état de risque « élevé » déclaré, le 5 novembre dernier.

En ce qui concerne l’expérimentation vaccinale, le ministère a insisté sur le double enjeu que revêt cette piste, à savoir les modalités techniques et réglementaires. « Aujourd’hui, on n’a pas de cadre légal pour mettre en place une stratégie vaccinale, rappelle le ministère, tout en précisant qu’il existe bel et bien un groupe de travail sur le sujet. Il faut réfléchir à mettre en place une stratégie européenne, ce qui a commencé à être fait dans le cadre de de la présidence française du Conseil de l’UE, pour obtenir un consensus et définir un cadre légal concerté et, le cas échéant, au regard des expérimentations qui vont être menées, voir si la France s’engage dans cette direction ».

Sur la vaccination pèsent des enjeux commerciaux à l’export relativement lourd, certains pays se montrant réfractaires à cette solution.