- Accueil
- L’Etat réduit sa contribution financière à la stratégie de vaccination des canards
L’Etat réduit sa contribution financière à la stratégie de vaccination des canards
Contraint par des restrictions budgétaires, le ministère de l’Agriculture délègue aux filières la prise en charge de l’achat du vaccin, de son stockage et de son acheminement. Un surcoût estimé à 22 millions d’euros par La Coopération Agricole. En attendant les piqures de rappel des filières, sur fond de risque zoonotique induit par le virus de l'Influenza aviaire.
« A l’heure où le budget de l’Etat est tel qu’il est, il est nécessaire que les filières s’impliquent davantage afin de garantir l’efficacité de la vaccination sur le long terme ». Sur le site du ministère, Annie Genevard confirme ce que les professionnels avaient dénoncé il y a quelques jours, à savoir la baisse de la contribution de l’Etat à la prochaine campagne de vaccination des canards contre l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), qui démarrera le 1er octobre prochain.
De La Coopération agricole, qui dénonce un « déficit de compétitivité », à la Confédération paysanne qui évoque « une décision incompréhensible », en passant par l’ensemble des organisations liées à la volaille, dont l’Anvol (volaille de chair) et le Cifog (palmipèdes gras), la décision de l’Etat fait l’unanimité contre elle. La Coopération Agricole estime que le désengagement de l’Etat équivaut à 22 millions d’euros de reste à charge supplémentaire pour les éleveurs.
Si le ministère n’a pas précisé le taux de son engagement, les filières ont évoqué le chiffre de 40%, succédant aux 70% et 85% des campagnes 2024-2025 et 2023-2024, et comprenant, au-delà du vaccin, l’ensemble des activités officielles inhérentes à la stratégie : supervision par un vétérinaire des opérations de vaccination, réalisation de la surveillance mensuelle post-vaccination, dite « active », avec des visites cliniques et des prélèvements pour analyse virologique sur les canards vaccinés, analyses de laboratoire des prélèvements réalisés lors de la surveillance active.
Une stratégie aussi inédite que payante.
Depuis le 1er octobre 2023, la vaccination est obligatoire au sein des élevages détenant plus de 250 palmipèdes (Barbarie, mulard et Pékin) dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation. Avalisée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), sans toutefois être épargnée par la fermeture de certains marchés, notamment au Japon et au Royaume-Uni, la vaccination, combinée au renforcement de la biosécurité, est une stratégie contre l’IAHP est une stratégie aussi inédite que payante. « La réduction importante du nombre de foyers lors des deux dernières années correspond aux deux premières campagnes de vaccination obligatoire des canards, indique le ministère de l’Agriculture. Ce succès valide l’importance de la vaccination dans les stratégies de prévention et de lutte contre l’IAHP dans un contexte de risque zoonotique de plus en plus présent ».
Le sujet pas clos ?
Les organisations professionnelles ne manquent pas d’évoqur le risque pandémique et du franchissement d’espèce du virus, comme observé aux Etats-Unis dans des élevages laitiers avec des cas de contamination humaine, sans transmission inter-humaine avérée cependant. « Rappelons que ça n’est pas seulement la santé des volailles que nous préservons en luttant contre l’influenza aviaire, c’est aussi la santé publique » indiquait récemment dans une communiqué François Lacome président de la section avicole de La Coopération Agricole. Les autorités sanitaires françaises ont récemment indiqué avoir mis sur pied une stratégie de préparation à un risque pandémique.
Sur le site du ministère, Annie Genevard indique que « la vaccination sera au cœur des échanges » des futurs contrats sanitaires de filières, dont les Assises du sanitaire animal doivent accoucher dans le courant de l’année. Les piqures de rappel des filières ne devraient pas manquer.