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Il faut séduire les futurs éleveurs, pour éviter la chute
Il faut redonner de l’attractivité à ce beau métier d’éleveur, en donnant avant tout une rémunération décente, des conditions de travail plus souples et des perspectives pour les jeunes générations.
Conjoncture – Le salon du SPACE à Rennes est résolument tourné vers la souveraineté alimentaire de la France, avec une réorientation politique vers une agriculture plus productiviste. La maîtrise des coûts énergétiques, la gestion de l’eau, l’agroécologie et les enjeux climatiques sont de loin les plus grosses préoccupations des filières. L’autre priorité d’avenir sera le renouvellement des générations. Il faut redonner de l’attractivité à ce beau métier d’éleveur, en donnant avant tout une rémunération décente en accord avec les coûts de production, des conditions de travail plus souples et des perspectives pour les jeunes générations.
Dans les grands changements en cours, pour le bien-être de la planète, les productions biologiques sont en grande souffrance, car ce secteur est pris en ciseaux entre l’augmentation des charges et des prix élevés à la consommation qui a complètement réorienté le choix des consommateurs. Malgré la loi égalim2 qui impose des quotas de produits bio dans les cantines, les niveaux de prix sont incompatibles avec le coût du bol alimentaire. Cette crise est amplifiée par une désaffection des consommateurs pour la viande BIO sous l’effet de l’inflation. Le revenu des éleveurs ne tient pas ses promesses alors qu’elles bénéficient d’incitation forte de la France et de l’Europe. De nombreux éleveurs BIO ou engagés dans une conversion bio avec toutes les contraintes que cela engendre se posent la question d’un retour au conventionnel, voire à une cessation d’activité.
Dans le conventionnel, la situation n’est pas beaucoup plus reluisante. Les industriels ont des frigos très chargés que ce soit en minerai ou dans les aloyaux, faute de débouchés suffisants. Le secteur de la RHF fait sérieusement défaut, avec une préférence du prix qui prend largement le dessus sur le national. Les prix à la consommation sont également un frein quand les budgets des ménages sont sous la pression de la hausse du prix de l’énergie, des carburants et d’un panier alimentaire qui ne bouge pas (ou très peu) malgré les grandes manœuvres gouvernementales.
Face à ce constat, il est surprenant de voir un commerce aussi dynamique au niveau de la production. La raison est pourtant évidente dans un marché de libre-échange, le manque de vaches tire les prix vers le haut, face à des industriels qui ont des besoins structurels pour charger leurs outils d’abattage et salles de découpe. Les capacités d’abattage et de transformations françaises ne sont plus adaptées aux disponibilités. Cette fuite en avant n’est pas viable et de nombreuses sociétés sont en grande difficulté.
La dégradation de l’offre a été flagrante pour cette rentrée 2023, mais elle n’est que le reflet de la décapitalisation constante de la ferme France. La revalorisation des prix qu’elle a entraînée est un bien pour les éleveurs, mais elle ne fera que renforcer les difficultés à transposer ces hausses dans le secteur aval à un moment où le message de déflation des prix est clairement affiché. L’enjeu est toujours de faire correspondre l’offre à la demande du marché, ce qui est de plus en plus compliqué. La modification des flux-matières avec plus de viande hachée et un recul des ventes des aloyaux réoriente la demande des GMS.