Implanter des légumineuses permet de diminuer les apports d’azote

Le contexte de prix justifie de diversifier les sources d’azote. L’insertion de légumineuses dans les rotations est l’une d’entre elle et constitue un apport non négligeable. Pour Grégory Véricel, ingénieur agronome chez Arvalis, un couvert de légumineuses, même moyennement développé, permet de précieuses économies.

Perspectives Agricoles : Comment intégrer plus de légumineuses dans son système ?
Grégory Véricel :
On peut bien sûr modifier son assolement et cultiver des pois, des féveroles ou de soja. Les légumineuses ont cette capacité de capter l’azote de l’air puis le restituent au sol lors de la dégradation de leurs résidus : l’année où elles sont cultivées, tout apport d’azote est inutile et l’année suivante, la minéralisation de leurs résidus riches en azote permet de réduire la dose à apporter.
Il est aussi facile d’implanter un couvert de légumineuses en interculture longue entre une céréales à paille et une culture de printemps. Implanter une culture intermédiaire est une obligation en zones vulnérables mais, vu le contexte, préférer une légumineuse, seule ou associée, plutôt qu’une moutarde peut permettre de réduire significativement les apports d’azote de la culture suivante.


P. A. : Semer une légumineuse en culture intermédiaire est vraiment payant ?
G. V. :
Tout dépend du développement du couvert de légumineuse. Si sa biomasse est supérieure à 1,5 tonne de matière sèche (MS) à l’hectare, la culture suivante pourra bénéficier de fournitures d’azote de l’ordre de 30 à 40 kg N/ha, avec autant d’économies possibles à la clé sur la dose d’azote à apporter. Pour des couverts purs de plus de 4 t de MS/ha ou des mélanges avec légumineuses dépassant 5 t de MS/ha, les fournitures peuvent approcher les 100 kg N/ha. Reste un impératif : minimiser les surcoûts, en limitant le nombre de passages et le coût des semences.
Par rapport à une moutarde et pour des techniques d’implantation et de destruction similaires et compte tenu du cours actuel des engrais azotés, les couverts de légumineuses peuvent permettre des économies de l’ordre de 20 à 80 €/ha pour des niveaux de biomasse moyens. Des couverts de légumineuses très développés laissent envisager des économies de 70 à près de 200 €/ha.


P. A. : Les légumineuses semées avec la culture ou dans son précédent procurent-elles les mêmes bénéfices ?  
G. V. :
Pas toujours. Les légumineuses associées au colza ont fait leurs preuves, avec des résultats intéressants. Terres Inovia estime que cette technique génère une économie d’azote de 20 à 30 kg/ha.
En céréales à paille, des essais conduits par ARVALIS depuis deux ans, combinant un blé semé à écartement large et des féveroles semées en inter-rang (ces dernières étant détruites par binage autour du stade 2 nœuds) montrent seulement une augmentation de la teneur en protéines de 0,7 à 1 %, pour une quasi-absence de perte de rendement.
D’autres techniques semblent plus prometteuses, comme de semer du trèfle en sortie d’hiver dans du blé (au stade tallage) pour ne le détruire qu’avant l’implantation de la culture suivante. Les économies d’azote sont alors comparables à celles d’un couvert « classique » à biomasse équivalente.