[Installation] Un passage de flambeau en douceur dans la famille Yvray

Anne Yvray est installée en élevage laitier à Villegenon, ayant repris dans un premier temps une partie de l’exploitation familiale. Elle entend optimiser son exploitation en alliant bien-être animal et production laitière.

Anne Yvray est installée, à titre individuel, à Villegenon depuis septembre 2022, disposant d’un cheptel de 130 vaches laitières et de 140 ha de surface totale. Elle travaille en entraide avec son père, lui-même agriculteur et qui lui a déjà passé une partie de sa ferme pour qu’elle s’établisse. Lors de son départ en retraite, il prévoit de lui céder le reste.

 

DES EXPÉRIENCES MULTIPLES

La jeune femme a toujours souhaité être éleveuse. « C’est une passion que j’ai depuis toute petite. J’étais souvent avec mes parents sur l’exploitation et je ne me voyais pas faire autre chose. C’est ma principale vocation », assure-t-elle. Après un bac STAV, un BTS ACSE et une certification de spécialisation en vaches laitières en 2018, elle a passé trois ans chez Hélène Fréger à Venesmes, puis six mois au Québec.

Elle a aussi eu une brève expérience de salariée dans un centre de gestion, puis dans une fromagerie, avant de revenir sur l’exploitation familiale. Elle a alors préparé son parcours à l’installation en réalisant notamment un plan de professionnalisation personnalisé pour parfaire ses connaissances. « La spécialisation m’a permis d’approfondir toutes les techniques affairant à l’élevage dont l’insémination artificielle, l’échographie, le parage…, expose-t-elle.  Et le stage en exploitation laitière n’a fait que confirmer ma vocation pour ce métier ».

De ses expériences, elle tire la volonté d’optimiser au maximum son exploitation en étant le plus possible autonome. « J’ai ramené sur ma ferme l’agriculture de conservation », évoque-t-elle. Elle a simplifié le travail du sol, allongé les rotations et maintient une couverture permanente de ses parcelles pour améliorer la structure du sol, tout en veillant à sécuriser des stocks fourragers de qualité

TOUJOURS EN FORMATION

La jeune femme prend donc la suite de Denis, son père, progressivement. A l’heure actuelle, ils travaillent en entraide épaulés par deux salariés. Dans un souci de transmettre un outil viable et vivable, deux robots de traite ont été achetés en 2016, simplifiant le travail avec moins d’astreintes mais avec tout autant de surveillance. « Il faut toujours avoir un œil tout au long de la journée, juge Anne Yvray. Il faut être là pour observer et analyser le comportement des vaches et intervenir en cas de besoin ».

Le sens de l’observation est une autre facette du métier qu’elle a approfondi en se formant à la science des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel, autrement dit l’éthologie. « Le bien-être animal est, pour les éleveurs, logique et cohérent, mais je pense qu’il y a toujours des petites améliorations à apporter. Outre les enrichissements dans la stabulation, le système de ventilation du bâtiment, j’ai appréhendé avec l’éthologie le comportement de l’animal, l’écornage au naturel, de nombreux éléments sont favorables aux animaux », raconte-t-elle. Anne Yvray se sent bien dans son activité d’élevage, « même si, reconnait-elle, certains travaux plus physiques nécessitent parfois de l’aide. Mais dans l’ensemble, je reste polyvalente ».

Par ailleurs, elle apprend aussi à gérer une entreprise, ce qui englobe une partie administrative comme la déclaration Pac. « Je n’ai pas beaucoup de temps libre. Pour l’instant je n’ai pas de vie de famille, pas d’enfants, donc je me consacre à mon travail entièrement, mais peut-être que cela changera », continue-t-elle. Pleine de dynamisme, elle a des projets et veut rester positive : « il faut savoir apprendre de ses erreurs et s’adapter en fonction des conditions actuelles », soutient-elle.