L’urée vers l’or ?

Êtes-vous prêts à rouler à l’urine de porc ?

Celui qui pourrait vous poser cette question s’appelle Stéphane Louesdon. Bien que cela paraisse saugrenu, il est très sérieux. Stéphane est éleveur de porc et c’est un agriculteur engagé, innovant et motivant.

Au-delà des sarcasmes auxquels chacun peut se prêter sur le sujet, il existe bel et bien un projet de transformation d’urine de porc en hydrogène. 

En effet, pour produire de l’hydrogène il faut de l’eau et de l’énergie. Aujourd’hui ces ressources sont limitées et le recours à une énergie fossile alourdit le bilan carbone des procédés existants.

L’agriculture valorise d’ores et déjà les déjections solides des animaux à l’aide de méthaniseurs. Mais qu’en est-il de la valorisation des déjections liquides ? Telle la pomme tombée sur Isaac, Stéphane Louesdon a réussi le tour de force de faire le lien entre l’urine de porc et l’hydrogène ; l’urine de ses cochons est composée à 95 % d’eau. Fort de ce constat, la vision de Stéphane est claire : « Je peux produire de l’hydrogène et de l’ammoniaque vert à base d’urine et d’une énergie propre ».

Pour cette dernière, son choix se porte sur l’énergie éolienne. Mais cela ne suffit pas. L’hydrogène produite doit trouver les débouchés suffisants en volume, proches du lieu de production et pérennes économiquement. Il faut bâtir une filière complète dans un environnement porteur local. Plus facile à dire qu’à faire. Le pari de Stéphane est en passe d’être gagné.

La Bretagne abrite de nombreux éleveurs, un bassin agroalimentaire avec un important besoin de transport et de plus en plus d’éoliennes.

Les véhicules lourds parcourent de nombreux kilomètres et ont besoin d’une grande autonomie. Contrairement à l’électrique, l’hydrogène offre un rayon d’action étendu et le temps de ravitaillement est réduit ; il ne prend que quelques minutes.

Convaincre de la pertinence d’un tel projet n’a pas été simple. Stéphane a fait preuve d’une dose non négligeable de conviction et a su s’entourer de partenaires pour soutenir sa démarche : Alexia Lopez, consultante en projets durables et innovants, ALPIQ (leader de l’énergie en Suisse) et des collectivités locales. Reste un volet important du projet, la partie financière. Afin de convaincre ses partenaires financiers, Stéphane doit réaliser des études précises pour démontrer la faisabilité technique et industrielle du projet. À cette fin, il sollicitera l’accompagnement de l’ADEME dans le cadre d’un appel à projet en mars 2023.