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La baisse de l’usage des antibiotiques marque le pas en élevage
En 2023, le niveau d’exposition aux antibiotiques a augmenté dans des proportions comprises entre 6% et 16% selon les espèces, tout en demeurant proche du seuil fixé par le plan Ecoantibio 3.
+ 6% pour les bovins, + 8% pour les porcs, + 10% pour les lapins et +16 % pour les volailles : telle est l’évolution du niveau d’exposition des animaux d’élevage en 2023, comparativement à 2022. Toutes espèces confondues, incluant les animaux de compagnie, l’exposition a augmenté de 6,5% selon l’Anses tout en restant inférieure à celle de 2021. « Après une baisse de 48 % de l’exposition des animaux aux antibiotiques entre 2011 et 2022, l’inflexion observée en 2023 pourrait témoigner de l’atteinte d’un palier », relève l’agence sanitaire. Celle-ci se base sur l’indicateur dit ALEA, rapportant les tonnages d’antibiotiques vendus à la posologie, à la durée d’administration des médicaments et à la biomasse animale potentiellement utilisatrice d’antibiotiques.
Bien qu’en hausse, les niveaux d’exposition des animaux d’élevage en 2023 demeurent proches de ceux estimés en 2021 et 2022. En outre, les baisses d’exposition dépassent largement les 50 % par rapport à 2011. Le niveau d’exposition des bovins aux antibiotiques est 18 % plus faible qu’en 2011. Le nombre de traitements intramammaires antibiotiques par vache laitière a lui diminué de 35 % par rapport à 2011.
Autre satisfaction : les antibiotiques dits critiques, dont le maintien de l’efficacité est crucial pour la médecine humaine, ne sont pas concernés par la hausse et les niveaux d’exposition des animaux à ces antibiotiques restent faibles.
Déstockage et prémélanges médicamenteux
Selon l’Anses, plusieurs hypothèses peuvent expliquer la hausse observée en 2023, notamment d’éventuels phénomènes sanitaires ayant nécessité d’utiliser plus d’antibiotiques, ou encore une légère sous-estimation de l’exposition en 2022, due au déstockage de médicaments achetés les années précédentes. Ce phénomène de déstockage en 2022 serait lié à l’entrée en vigueur en début d’année de la nouvelle réglementation sur les médicaments vétérinaires et les aliments médicamenteux, qui a restreint drastiquement les possibilités d’utilisation d’antimicrobiens à titre préventif. Ainsi, en 2023, l’exposition aux antibiotiques via les poudres et solutions orales a particulièrement augmenté pour les porcs, lapins et volailles, espèces traditionnellement utilisatrices d’aliment médicamenteux.
En 2023, l’indicateur ALEA s’est établi à 0,309 contre 0,290 en 2022. Il est donc repassé au-dessus du seuil de 0,3 fixé dans le plan Ecoantibio 3, lancé en novembre 2023. « Il est possible que le niveau d’exposition ait atteint un palier et que l’on observe désormais des fluctuations autour du seuil de 0,3. Cette hypothèse sera à confirmer en 2024. Une attention est néanmoins à maintenir pour éviter une tendance générale à la hausse dans certaines filières », conclut l’Anses.