La houe rotative, un levier pour limiter la consommation d’herbicides

Une démonstration de matériels de désherbage mécanique s’est déroulée début mars, sur le site de l’INRAE à Nouzilly. L’occasion de sensibiliser les producteurs de céréales à limiter l’emploi des herbicides afin de préserver la ressource en eau.

A l’initiative de la chambre d’agriculture, une vingtaine d’agriculteurs se sont réunis sur la plateforme de l’INRAE, à Nouzilly, début mars. Il s’agit de l’une des 8 plateformes Dephy présentes sur le territoire national et gérées par l’organisme de recherche. Les établissements Chesneau et le constructeur autrichien Pöttinger avaient fait le déplacement pour l’occasion.

La matinée s’est déroulée sur une parcelle de blé tendre semée fin octobre derrière un maïs ensilage. Une flore indésirable a profité de l’automne doux pour se développer. Raison pour laquelle un nombre important de mourons, stellaires, matricaires, véroniques, etc. a été recensé par les participants. Le stade pour intervenir était relativement avancé, d’autant que 40 unités de solution 390 ont été épandues une quinzaine de jours auparavant. 

La précision des réglages, facteur d'efficacité

Elodie Hegarat, conseillère en grandes cultures biologiques à la chambre d’agriculture, a précisé que l’utilisation de la houe rotative n’est qu’un des leviers agronomiques utilisables par les agriculteurs.

"« L’allongement de la rotation reste avant tout une nécessité, a-t-elle insisté. La houe n’est qu’un traitement curatif. » "

Relativement technique, le réglage de l’outil est primordial. Couplé à l’adaptation de la vitesse d’avancement, il participe à la réussite ou non du désherbage mécanique. Après l’ajustement de la pression de la houe sur le sol, le démonstrateur s’est élancé à une vitesse avoisinant les 15 km/h. François Ferrando, animateur à la FRCuma a insisté sur l’importance d’adapter le réglage de sa houe à chaque parcelle. « Les réglages ont été effectués dans la parcelle qui est de l’autre côté de la route. Dans celle-ci, il nous faut entièrement les modifier », a-t-il confié aux participants. Afin d’améliorer le confort d’utilisation, la mise en place d’un troisième point hydraulique sur le tracteur est envisageable. Il permet de procéder au réglage précis sans avoir à descendre de la cabine. 

Des conditions d'intervention exigeantes

Le type de sol de la parcelle recevant la démonstration tirait sur le limon argileux, plutôt hydromorphe. Son taux d’humidité doit être assez faible pour effectuer un passage efficace. Le démonstrateur a également rappelé qu’un semis plus dense et plus profond du blé est nécessaire pour compenser les quelques pieds de la culture qui sont détruits par le passage de la houe. En revanche, aucune exigence quant au suivi des lignes de semis.

Enfin, la profondeur d’intervention de l’outil ne doit pas excéder 1,5 cm, afin de ne pas déraciner la culture en place. Afin d’assurer un bon résultat agronomique, le représentant de la marque a rappelé l’importance de l’absence de pluie dans les deux jours qui suivent l’intervention. 

Un débit de chantier intéressant

Disponible en 6, 8 et 12 mètres, le constructeur affirme qu’un tract eur de 100 CV suffit pour emmener le modèle intermédiaire, en démonstration ce jour. Le poids de l’outil dans cette configuration avoisine les 2,8 tonnes. Le constructeur annonce un rendement horaire de l’ordre de 10 à 12 ha, soit autant qu’un pulvérisateur en 28 mètres. En effet, aucun temps mort lié au remplissage de la cuve ou aux trajets routiers n’est à déplorer, tout en ayant une vitesse de travail élevée. Enfin, la durée de vie des roues à cuillères est estimée à 4000 ha, bien évidemment variable en fonction des types de sols travaillés. Le montant de l’outil, toujours dans cette largeur, avoisine les 28 000 euros HT. L’animateur régional de la FRCuma a rappelé l’éligibilité de ce type d’outils auprès du prochain PCAE à hauteur de 45 à 55% pour les investissements réalisés en collectif.

"« Un atout intéressant pour bénéficier de matériels de qualité et innovants »"

Une rapide démonstration d’une herse étrille, propriété de l’INRAE, a clôturé la démonstration. Cependant le stade trop développé des adventices a mis en avant la limite de cet outil. « En revanche, au stade filament des adventices, en prélevée de la culture à l’automne, on obtient de bons résultats. Notamment sur des sols argilo-calcaires », a conclu Antoine Savoie, chef de projet d’expérimentation sur le site de Nouzilly.