« Le collectif n’est pas un vain mot à Saint-Nicolas-de-Bourgueil »

Stéphanie Morin est la nouvelle présidente du syndicat des vins de Saint-Nicolas-de-Bourgueil. Elle partage son parcours et ses ambitions.

Après sept ans à la tête du syndicat des vins de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Patrick Olivier a cédé la place à Stéphanie Morin. Terre de Touraine fait les présentations.

Vous êtes vigneronne au sein d’un domaine implanté depuis le 19e siècle, qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot...

Stéphanie Morin : Oui, je travaille depuis quinze ans avec mon mari Hervé au Domaine de la Rodaie, une exploitation qui appartient à sa famille depuis cinq générations. Nous sommes en conversion, 2023 sera notre première récolte bio. Pour diversifier notre activité, nous fabriquons également de la bière artisanale depuis 2016 ; nous avons monté notre propre brasserie. Et depuis peu, nous avons distillé nos premiers brassins de whisky, les premiers seront prêts dans un an et demi…

En parallèle de ce quotidien, qu’est-ce qui vous a menée au poste de présidente de l’AOC ?

S.M. : Je suis entrée au conseil d’administration lorsque Patrick Olivier est devenu président de l’AOC, il y a sept ans. Dès la deuxième année, j’ai pris le poste de trésorière. Ça m’a mis en lien avec la gestion du quotidien et les projets du syndicat. Quand Patrick Olivier a annoncé qu’il laissait la présidence, je voulais bien prendre la place, mais à condition que le poste de trésorier soit repris par une personne de confiance. C’est ce qui s’est passé : Géraldine Jamet, qui était trésorière adjointe, a accepté le poste de trésorière.

C’est une responsabilité qui ne vous a pas fait peur ?

S.M. : Non, car j’ai prévenu les membres du conseil d’administration que je n’y allais pas toute seule, et que je les solliciterai plus qu’ils ne l’étaient avec Patrick ! Patrick consacrait beaucoup de temps au syndicat et était très bon techniquement. Jen’ai pas le même profil, je vais donc m’appuyer sur les compétences de chacun, notamment celles d’Alexandra Genneteau, la directrice. Au conseil, on ne sera pas toujours d’accord entre nous, dans ce cas on débattra et on trouvera un accord que tout le monde respectera pour le bien de l’ensemble des vignerons. Le collectif n’est pas un vain mot à Saint-Nicolas-de-Bourgueil…

Quelles raisons vous ont poussée à vous investir au plus haut poste du syndicat ?

S.M. : En fait, je pense qu’on est acteur de nos projets, de ce qu’on veut voir évoluer. Quand j’étais trésorière, j’ai participé aux débats, et chaque voix était entendue. On ne peut pas venir après coup se plaindre qu’on n’est pas satisfait si on ne s’implique pas. J’ai donc l’envie de participer à ça, de représenter les vignerons, quels que soient leurs convictions, leurs systèmes, leurs modes de commercialisation… C’est très enrichissant et ça ouvre l’esprit. Il faut oublier ce qu’on voudrait pour soi-même pour se focaliser sur ce qu’on veut porter pour le collectif.

Quelles ambitions avez-vous envie de voir se réaliser pendant votre mandat ?

S.M. : Comme on l’a annoncé à la dernière assemblée générale, on va relancer la communication avec le séminaire de convergence. Il va permettre aux vignerons de réfléchir sur le sujet, de recueillir les besoins pour dessiner notre stratégie en groupes de travail. C’est un travail collectif. J’ai une vraie sensibilité pour la communication, donc on va aussi essayer d’utiliser des outils d’animation, de solliciter la presse… On souhaite aussi vulgariser l’étude terroir réalisée en 2021. Le but est de créer une version simplifiée, en plus de la version de base, très développée et technique. La connaissance de nos terroirs est très importante dans le contexte de changement climatique.

On imagine que la situation face à la flavescence dorée sera également un thème-phare…

S.M. : Evidemment. On doit être efficace face à cette maladie, un fléau arrivé il y a deux ans. Nous organisons une assemblée générale extraordinaire fin avril sur le sujet. La surveillance en 2022 a révélé une explosion du nombre de cas. De plus en plus de vignerons se forment et participent à la surveillance. On n’a pas le choix, il faut jouer collectif