Le dépérissement de la forêt s’accélère, adapter de nouveaux itinéraires sylvicoles est incontournable

L’économie du bois se porte bien. Après une reprise fulgurante en 2022 et des prix très haussiers, le marché du chêne se maintient toujours fin 2023.

La conjoncture économique a été très favorable au bois vendu sur pied depuis deux ans. « Après la période du Covid, il y a eu une reprise économique mondiale, notamment dans la construction en Europe, aux USA et en Chine. Les prix du bois se sont envolés dans les ventes dès le début de l’année 2022 », résume Bertrand Servois, président du syndicat Fransylva.  

En effet, la demande a été très forte en 2022, se traduisant par une augmentation des prix. Elle était de 20 % pour le chêne, par rapport à 2021, soit 271 euros/ m3 contre 225 euros/m3 en 2021 et de 10 % pour les résineux, soit en moyenne 65 euros/m3 contre 59 euros/m3 en 2021, selon les chiffres de la coopérative forestière Unisylva et des experts forestiers.

"Le pic de cette flambée des prix du chêne a été atteint en avril 2022 avec des prix moyens au mètre cube dépassant les 280 euros contre 190 euros un an plus tôt, s’enthousiasme le président de Fransylva"

Après une baisse, les prix sont restés stables de septembre 2022 à septembre 2023. « Ce sont des cours qui se maintiennent en cette fin d’année 2023, mais qui restent encore intéressants pour le chêne », ajoute Bertrand Servois. Pendant l’année 2022, les exportateurs ont marqué leur intérêt pour les chênes français. La coopérative compte peu d’invendus.

RÉSINEUX ET BOIS D’ŒUVRE  

Dans la catégorie des résineux et autres bois d’œuvre, les prix ont aussi augmenté avant de chuter en 2023. La cause ? Une exportation en retrait par rapport à 2022, avec « un arrêt brutal dans l’achat de résineux cette année 2023 », constate Bertrand Servois.

En 2022, le prix du pin Laricio a plus fortement augmenté, à 42 euros le m3 soit + 34 % par rapport au Douglas dont le prix a très légèrement baissé (87 euros le m3). Le peuplier a pris 22 % pour atteindre 58 euros le m3. Le Douglas supérieur à 1,30 m a atteint 117 euros le m3 en avril 2022, redescendant à 63 euros le m3 un an plus tard.  Les résineux se vendent moins bien. « La conjoncture est différente qu’en 2022. L’afflux de ces espèces en masse sur le marché, notamment après les attaques de scolytes, n’est pas encore totalement résorbé et aujourd’hui la hausse des taux des intérêts a un impact direct sur la construction. On constate un net ralentissement des mises en chantier et des besoins en bois qui leur sont liés », déplore-t-il.  

GESTION DE LA FORÊT

Une bonne gestion de la forêt est primordiale pour produire du bois de qualité, matériau d’avenir. Il se substitue à d’autres matériaux énergivores, il représente une alternative bénéfique face au réchauffement climatique. « La forêt est une solution pour lutter contre le changement climatique et pour une décarbonation de l’économie, poursuit Bertrand Servois, nous aurons toujours besoin du bois. Il répond aux besoins essentiels de l’Homme : se loger, les chauffer, pouvoir lire et écrire, emballer les marchandises, etc. De l’amont à l’aval, de la forêt à l’usine de transformation, c’est un secteur d’activité pourvoyeur d’emplois non délocalisables. Cela implique que nous devons rester compétitifs pour apporter une valeur ajoutée sur le territoire ».  

« Depuis 2018, le dépérissement de la forêt s’accélère. Adapter de nouveaux itinéraires sylvicoles est incontournable pour une exploitation de la forêt performante », évoque Bertrand Servois. Régulièrement la forêt doit être entretenue par ses propriétaires privés. Il faut se préoccuper du respect des sols, effectuer des éclaircies, abattre quand il est temps, planter de nouvelles essences (à l’exemple du chêne sessile ou pubescent). « Avec l’aide du gouvernement, nous travaillons sur un programme de plantations, confirme le président des deux structures, afin de laisser aux générations futures une forêt avec un potentiel exploitable ».