Le semis de couvert avant moisson doit encore faire ses preuves

Pour optimiser la réussite des couverts végétaux, la chambre d’agriculture de Vendée a testé un semis dans le blé avant récolte. Les résultats sont corrects, mais ne se démarquent pas des couverts implantés après la moisson.

Au Gaec Monchemin, situé au Poiré-sur-Vie en Vendée, les couverts végétaux ne sont pas en option. Cette exploitation laitière consacre un tiers de ses 330 hectares aux cultures d’hiver. Après la moisson, cette surface est aussitôt implantée avec des mélanges comprenant une large part de tournesol et de légumineuses. « La seule exception concerne les parcelles sur lesquelles doivent être implantées des prairies qui sont semées directement pour gagner du temps », témoigne Fabrice Guillet, l’un des cinq associés.

Comme beaucoup d'exploitations, le Gaec Monchemin est confronté à un problème de développement des couverts végétaux durant les mois d’été.

Semis par drone avant moisson

Pour tenter de trouver des réponses, la Chambre d’agriculture de Vendée a implanté une plateforme d’essai en partenariat avec les exploitants. L’objectif était de semer un couvert dans le blé avant la moisson via un drone. Le mélange était composé de moha, lin, trèfle d’Alexandrie, sorgho fourrager, phacélie, moutarde d’Abyssinie et radis fourrager. Les comptages effectués toutes les semaines du 3 juillet au 19 août ont montré une bonne levée avant la récolte de la culture en place.

« Mais une fois que le blé a été moissonné et que le couvert a eu accès à la lumière, le nombre de pieds a commencé à baisser », relate Mathieu Arnaudeau, conseiller spécialisé en agroécologie au sein de la chambre d’agriculture de Vendée.

L’arrivée d’un épisode pluvieux mi-août a ensuite permis une seconde levée du couvert. La production de biomasse a été estimée à 2 tonnes de matière sèche par hectare (MS/ha) pour la parcelle. « Cela reste une réussite mais je pense que l’on peut faire mieux », analyse le conseiller vendéen.

Les mêmes résultats ont été obtenu avec un semis à la volée via un distributeur d’engrais sur une autre ferme. À titre de comparaison, sur la plateforme d’essai du Gaec Monchemin, un couvert implanté en semis direct trois jours après la moisson a obtenu un meilleur rendement.

Mathieu Arnaudeau, conseiller spécialisé en agroécologie à la Chambre d’agriculture de Vendée, dans le couvert de l'essai.

Pour Mathieu Arnaudeau, le semis à la volée dans le blé ne permet qu’une implantation superficielle des plantes, ce qui les rend plus vulnérable à la sécheresse. « Pour le bocage vendéen, le semis post-récolte reste peut-être la meilleure approche. Mais l’implantation avant moisson offre l’avantage de se situer dans une période moins importante en charge de travail », pondère-t-il.

"Il faudrait tester des modalités à partir du 15 mai"

Si la plateforme devait être renouvelée l’an prochain, Fabrice Guillet aimerait que différentes dates de semis soient testées. « Un semis le 15 juin, c’est déjà trop tard pour une bonne implantation du couvert. Il faudrait tester des modalités à partir du 15 mai », affirme-t-il. Quant au risque de concurrence du blé en semant le couvert plus tôt, il n’y croit pas une seconde, arguant d’un développement encore insuffisant du couvert.

L’agriculteur, jamais à court d’idée, voudrait maintenant implanter un couvert de trèfle et vesce dans son maïs ensilage. Il pourrait ainsi l’ensiler à destination du troupeau ou du méthaniseur avant les semis de blé.

Concernant la plateforme d’essai 2020, Mathieu Arnaudeau a relevé d’autres constatations en entrant plus dans le détail. Par exemple, certaines espèces ne se sont pas implantées à la volée, alors qu’elles sont bien présentes pour le semis direct. Il s’agit notamment du trèfle d’Alexandrie.

Pour d’autres plantes du couvert, il y a une grande hétérogénéité de stade du fait de la seconde levée en août. Il s’agit par exemple de la moutarde d’Abyssinie et du radis fourrager dont certain pieds sont en graine alors que d’autres sont encore peu développés. « L’idée serait maintenant de trouver des espèces qui ont le potentiel de germer avant la récolte du blé, tout en ayant un caractère résilient pour passer le mois de juillet », avance Mathieu Arnaudeau.

Enrober ou non ?

La plateforme expérimentale du Poiré-sur-Vie a également permis de tester trois modalités d’enrobage : l’Humifirst à base d’acide humique et fulvique, un biostimulant composé de la bactérie azotobactere et un mélange des deux. « La levée et le développement du couvert pour ces modalités ne permettent pas de conclure à un effet significatif de ces enrobages », estime le conseiller de la Chambre d’agriculture.

Sur la deuxième plateforme d’essai, l’agriculteur a enrobé avec de l’argile les graines semées à la volée via l’épandeur à engrais. « Les observations montrent que ce couvert a mis plus de temps à démarrer, pour obtenir un résultat au moins aussi bon que le drone. Peut-être que les graines ont été protégées des chaleurs le temps que l’argile d’enrobage fonde ? » s’interroge Mathieu Arnaudeau.