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AgDataHub ou l’indépendance numérique agricole de la France
La profession se dote d’une plateforme destinée à garantir l’indépendance numérique de l’agriculture française, voire européenne. Un enjeu crucial, face aux Gafa et autre Alibaba, capables de vous revendre des informations que vous leur avez données...
« Aujourd'hui, quand vous achetez une moissonneuse-batteuse, vous avez de fortes chances qu'elle soit équipée d'un capteur de rendement. Celui-ci envoie les informations à un data center, qui peut les revendre à des individus qui ont intérêt à avoir les informations avant moi agriculteur. Je pense à des traders par exemple, qui de fil en aiguille, vont connaître le rendement de la ferme France et de la ferme monde, faire la pluie et le beau temps avec les cours des céréales et le dindon de la farce, ce sera moi ». C'est ainsi que Sébastien Windsor, président d'Api-agro, avait choisi d'illustrer les enjeux du numérique, à l'occasion du lancement de la plateforme AgDataHub au salon de l'agriculture. Rien de tel qu'un exemple concret pour tenter de s'y retrouver dans cette jungle du numérique qui voit éclore presque chaque jour une nouvelle start-up, une nouvelle appli, une nouvelle plateforme, un nouvel opérateur.
Indépendance numérique
Depuis janvier 2017 et la remise d'un rapport de l'Irstea (Inrae aujourd'hui) sur les enjeux de la donnée, la profession met les bouchées doubles pour ne pas passer à côté de cette révolution. « A l'instar du machinisme dans les années 1960, le numérique va révolutionner le métier d'agriculteur et la perception des consommateurs », explique Christiane Lambert, présidente de la Fnsea. « La question des données est hautement politique et il est normal que le syndicalisme s'en empare. Les datas sont structurantes aussi bien dans la conduite d'une exploitation que dans le pilotage d'une filière ou d'un territoire. Même si les agriculteurs pensent parfois que le sujet est assez éloigné de leurs préoccupations quotidiennes, c'est à nous, tête de réseau de défricher le sujet et de leur apporter des solutions clé en main ».
Brique après brique, les organisations et instituts techniques agricoles construisent ce qui garantira à très court terme l'indépendance numérique de l'agriculture française et plus largement, européenne. « Il faut que ce sujet devienne très rapidement un sujet européen, si on veut peser face aux mastodontes américains ou chinois », précise Sébastien Windsor. « Je sais que l'on peut compter sur le ministère de l'Agriculture qui a abordé le sujet avec les Allemands ».
Consentement, interopérabilité, portabilité...
La dernière brique en date s'appelle AgDataHub. Après Data-Agri, la charte encadrant la valorisation et la sécurisation des données des exploitation, et Api-agro, plateforme d'échanges de données destinée à développer, en toute sécurité, des services digitaux innovants au bénéfice des producteurs agricoles, la profession lance la plateforme AgDataHub. Elle a pour objet de doter l'agriculture française et européenne d'une infrastructure technologique souveraine et mutualisée de consentements, d'hébergement et d'échanges de données. Agdatahub garantit également la standardisation des données, leur mutualisation et leur valorisation, favorisant leur portabilité et leur interopérabilité.
Elle compte comme partenaires Dawex (échange), 3DS Outscale (cloud), Orange Business Services (consentement), GS1 France et Numagri (standardisation).
Un peu de concret pour finir ? « Dans le domaine des robots de traite par exemple, les éleveurs peuvent certes visualiser un tableau de bord mais ils n'ont pas accès aux données brutes générées par le robot », détaille Sébastien Windsor. « Cela doit changer. Il faut aussi qu'ils puissent récupérer leur données à l'occasion d'un changement de fournisseur ».