Des rampes soudées… à la végétation

Aux côtés des buses à injection d’air et des systèmes à assistance d’air, les dispositifs de stabilisation de rampe constituent un autre levier d’optimisation de la pulvérisation et de lutte contre la dérive, en réduisant la distance entre les buses et la cible.

Volume, vitesse, accélération, décélération, modulation, stabilité, bouchage, dérive : la quête de débit de chantier, sans pénaliser la qualité d'exécution, peut ici ou là faire apparaître des antagonismes. Sauf à disposer de rampes à la stabilité à toute épreuve. Avec des rampes très stables pour ne pas dire soudées à la végétation, il est possible d'accélérer la cadence de travail pour gagner en débit de chantier et traiter davantage de surface.

On peut aussi ne pas pousser le matériel dans ses derniers retranchements et bénéficier alors, à vitesse égale, d'une qualité de répartition un peu plus optimisée, du fait de la meilleure tenue des rampes dans les plans verticaux et horizontaux. On peut aussi en profiter pour concentrer ses interventions aux heures les plus propices à l'efficience de la bouillie. Pas étonnant, dans ces conditions, que tous les constructeurs se prévalent d'une stabilité de rampe à toute épreuve.

Des jets à 30 cm de la cible

Dernière possibilité : profiter de ce surcroît de stabilité pour réduire la distance entre les jets et leur cible et potentiellement réduire la dérive, une troisième voie aux côtés des buses à injection d'air et des manches à air.

Dans la configuration actuelle des pulvérisateurs, avec une répartition des buses tous les 50 cm, la hauteur séparant les jets de la cible (sol ou végétation) doit être au minimum de 53 cm avec des buses délivrant un angle de pulvérisation de 110° pour assurer le triple recouvrement, une condition nécessaire pour garantir une couverture optimale. En présence d'une buse à 80°, la distance minimale atteint 80 cm, toujours en présence de buses distantes de 50 cm sur la rampe. Il s'agit là de distances minimales théoriques ne tenant pas compte de l'instabilité de la rampe.

Cette instabilité oblige à prendre une marge de sécurité, consistant à relever la hauteur de rampe, pour assurer la couverture de la cible sinon pour éviter un télescopage avec la végétation ou avec le sol. Mais non sans augmenter le risque de dérive, qui sera moindre en présence de rampes particulièrement stables. La solution passe par l'adoption d'écartements de buses de 25 cm sur la rampe et non plus de 50 cm.

Cette configuration permet de recourir à des buses de 80° assurant le triple recouvrement et avec un double effet anti-dérive lié à la réduction de la distance entre la rampe et la cible et à la taille des gouttelettes générées.

Risques de bouchage

La distribution des buses tous les 25 cm permet de ramener à environ 30-40 cm la distance séparant la rampe de la cible visée. Cette architecture a été adoptée par Amazone sur certaines de ses gammes d'appareils trainés ainsi que sur son automoteur. L'option a été pensée au départ pour les applications d'azote liquide, afin de soutenir la productivité de chantier.

Le constructeur a été rejoint par son compatriote Horsch avec sa gamme Leeb lancée en 2014. La première déclinaison, à cuve en inox (GS), arborait d'emblée un système de découplage total de la rampe par rapport au châssis assorti de deux systèmes de pilotage : BoomControl Eco (2 capteurs aux extrémités pour la hauteur et le dévers) et BoomControl Pro (4 capteurs pour la hauteur, le dévers et la géométrie variable). La stabilité de rampe induite par cette conception autorise une vitesse de travail pouvant atteindre 20 km/h, selon le constructeur. Et avec l'option d'un pas de buse tous les 25 cm, elle permet de de réduire à 40 cm la distance entre la rampe et la cible, moyennant des buses à l'angle adapté.

Le pas à 25 cm a cependant un inconvénient : il induit une sensibilité accrue au bouchage. Le doublement du nombre de buses sous-entend, à volume/ha constant, une division par deux du débit individuel des buses. Comme parade, le constructeur mise sur son système de gestion de la circulation continue Intelligent Flow Control, caractérisé par le retour en cuve de la bouillie lors des coupures en fourrière.

Pour aller plus loin :

retrouvez le dossier de Pleinchamp sur les ZNT et les dispositifs anti-dérive.