Malgré son nom, le permis tronçonneuse n’est pas obligatoire

Novice à la tronçonneuse ? Il est possible – mais pas obligatoire – de suivre une formation pour apprendre les gestes qui sauvent.

Le permis tronçonneuse existe depuis 2009-2010, cette certification européenne est reconnue dans neuf pays. « Il s'agit une formation que tout le monde peut suivre : particulier, salarié, entrepreneur... », comme l'explique Pierre Caseau, directeur du centre de formation CFPPA de Meymac, en Corrèze. « Le permis tronçonneuse est une formation standardisée au niveau européen, qui compte quatre niveaux », présente-t-il. Le premier niveau – adapté aux particuliers – permet de connaître les règles de sécurité et d'entretien d'une tronçonneuse. Les autres niveaux concernent l'abattage des petits bois, des gros bois, des arbres difficiles et déracinés.

Obligatoire ou pas ?

Selon le Code du travail, les employeurs doivent assurer la sécurité de leurs salariés. Mais détenir le permis tronçonneuse n'est pas obligatoire pour utiliser une tronçonneuse. Contrairement à certaines informations qui ont pu circuler sur les réseaux sociaux, les particuliers ne sont pas obligés, à ce jour, d'obtenir le permis tronçonneuse. Cependant, ils peuvent suivre cette formation, sur la base du volontariat. Pour un coût d'environ 200 €, ils apprendront les éléments de base autour de la tronçonneuse.

Pour Gérard Napias, président de la fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), le nom de cette formation est source de confusion. « Le mot permis a une connotation obligatoire », explique-t-il. « Les centres de formation qui ont mis en place ce permis avaient l'intention de le rendre obligatoire. Ils ont vu une opportunité de marché », ajoute-t-il. La FNEDT, pour sa part, est opposée à ce que le permis tronçonneuse devienne un passage obligé pour tous les utilisateurs. « Cela mettrait en péril toute utilisation de tronçonneuse dans le monde rural », alerte Gérard Napias. Ce dernier craint des « dégâts préjudiciables pour les entreprises et les particuliers », notamment d'un point de vue assurantiel.

Bûcheron, un métier à haut risque

Abattre des arbres demeure une activité dangereuse. En 30 ans de métier, Patrick Bangert a connu 15 accidents de travail. Ce bûcheron alsacien, élu à la MSA, estime que « le coût moyen d'une simple coupure de tronçonneuse est de 8000 à 9000 euros ». Les blessures sont toujours longues à cicatriser. Au-delà d'une erreur de maniement de la tronçonneuse, il existe aussi le risque de se faire écraser par la chute d'un arbre.  

Au sein de l'Office national des forêts (ONF), où Patrick Bangert travaille, « personne n'utilise de machine sans formation et sans protection individuelle », indique-t-il. Le pantalon anti-coupure fait partie de la panoplie des équipements de prévention.

Mais une tendance, qui se développe, inquiète le bûcheron. « Beaucoup de travaux sont réalisés par des autoentrepreneurs ou des particuliers, qui vendent du bois de chauffage en complément de salaire. Ils utilisent la tronçonneuse sans se rendre compte du danger. Il y a souvent des accidents », alerte-t-il.

De même, les entreprises de travaux forestiers sont soumises à une « grosse pression économique ». Même s'ils sont expérimentés, les bûcherons peuvent relâcher leur vigilance avec la fatigue. Les travailleurs détachés, des ouvriers des pays de l'Est, sont aussi employés dans les forêts françaises. « Pour un salaire de misère, avec un équipement de protection vétuste, ils permettent à des employeurs sans scrupule de faire baisser le prix du bois », déplore Patrick Bangert.