Marchés agricoles : Les marchés aux bestiaux restent la boussole pour de nombreux éleveurs

Sans les marchés aux bestiaux et les cotations qu’ils produisent, le monde de l’élevage serait aveugle.

Conjoncture – Si certains continuent de dénigrer et remettent en cause les marchés de bétail vif et les cotations qu’elles produisent, ces dernières sont la boussole pour de nombreux éleveurs. Même si les volumes se tassent sur les marchés, notamment dans la viande, ce n’est que le reflet de l’érosion du cheptel français. Les marchés sont des places de libre-échange, même si les habitudes commerciales après les nombreuses crises sanitaires, ont conduit les négociants à se rapprocher des abatteurs. En revanche, la présence des acheteurs, des abatteurs, montre l’intérêt qu’ils y portent. Ce sont des lieux de relation commerciale où chacun cherche à tirer le meilleur des animaux mis en vente. Ce qui est en revanche plus inquiétant, c’est l’érosion de l’offre avec des abatteurs qui aspirent directement de plus en plus de marchandise.

La dynamique est en revanche plus porteuse sur les cadrans où les ventes aux enchères attirent de plus en plus d’éleveurs ou de négociants, avec une activité majoritairement tournée vers l’export. Dans un commerce agrémenté par les contraintes sanitaires ou les accords entre pays, ce mode de commercialisation a été le premier révélateur de l’envolée des prix de ces derniers mois.

Si l’intérêt premier des marchés et des cadrans est la mise en contact commercial des acheteurs et des vendeurs, la création et la diffusion de mercuriale qui recense le cours des produits sur un marché est primordial. Elles sont le résultat d’une concertation lors de commissions de cotations qui réunissent éleveurs, vendeurs et acheteurs ou de moyenne tarifaire issue du résultat des ventes sur les cadrans.

Les cotations de marché, même si elles peuvent être perfectibles, sont des indicateurs importants pour les éleveurs, dans la commercialisation de leurs animaux. Elles donnent les niveaux de prix catégorie par catégorie d’animaux pour balayer l’ensemble des gammes commercialisées que ce soit dans la viande, les broutards, le bétail maigre, les veaux ou les ovins. Elles donnent les orientations commerciales à la hausse comme à la baisse. Face à l’envolée des prix de ces dernières semaines, les éleveurs ont besoin de repère, car ils ne vendent pas d’animaux toutes les semaines. L’appréciation commerciale de leur production est un enjeu majeur de leur résultat économique.

Les acteurs aval de la filière sont également très intéressés par les cours diffusés notamment dans le secteur maigre, car cela conditionne les mises en place de jeune bovin et la valorisation finale des animaux pour maintenir une rentabilité de production, avec des plans de contractualisation de plus en plus difficiles à tenir.

Dans un commerce qui a perdu beaucoup de repères ces derniers temps notamment en raison de la forte décapitalisation et des crises sanitaires qui touchent l’ensemble des pays de l’UE, les relevés de prix sont également des indicateurs pour se positionner par rapport à nos voisins européens. Ces derniers démontrent une forte dépendance entre les pays, même si chacun cherche à favoriser sa production intérieure, voire locale.

Les semaines qui viennent de s’écouler mettent en lumière la nécessité de maintenir un tissu d’élevage en déliquescence. Les projections sont inquiétantes si on regarde la pyramide des âges, avec des conséquences irréversibles qui iront bien au-delà des fermes. Selon une étude menée par la société de conseil Ceresco, pour le compte d’Interbev : une réduction de 20 % du cheptel dans les prochaines années aurait de graves conséquences. Moins de stockages de carbone dans les prairies qui seront retournées, la réduction des émissions de GES générées par la baisse de cheptel serait largement compensée par les émissions liées aux importations croissantes de viande bovine. Des réactions en chaîne sur le tissu économique local et le maintien des services dans certains territoires sont attendues notamment dans les régions les plus exposées. Enfin, la compétitivité de la ferme France et la balance commerciale positive qu’elle génère seront remises en cause.

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